L'augmentation des échanges mondiaux de céréales serait bien modeste au regard de la hausse attendue de la production mondiale de céréales d'ici dix ans. Elle ne porterait que sur 36 millions de tonnes, soit 11 % des 333 millions de tonnes nécessaires pour couvrir les besoins de la planète. Dans un contexte concurrentiel, les échanges mondiaux de céréales qui portaient sur 265 millions de tonnes sur 2006-2008 à travers le monde n'augmenteraient que de 36 millions de tonnes d'ici 2018. Et selon Jean-Christophe Debar, directeur d'Agri Us Analyse, citée par une revue specialisée, les pays parviendraient à faire face à plus de 90 % à la hausse de leurs besoins en accroissant leurs productions intérieures. Au total, la part des échanges mondiaux de céréales passerait alors de 14 % de la production mondiale à 10 %. Ces tendances sont les résultats de travaux présentés, le 19 novembre 2009, lors d'un colloque organisé par l'institut européen Arvalis-Institut du végétal. Dans un tel contexte, la demande sur le marché mondial de céréales émanerait d'Afrique pour près des deux tiers des volumes. Des opportunités pour l'Union européenne d'exporter ses excédents alors même qu'elle réduirait de 70 % ses importations de céréales secondaires en provenance des pays tiers. Le défi des Etats-Unis de doubler leur production de bioéthanol pourrait en revanche conduire la première puissance mondiale à renoncer à certaines parts de marché pour alimenter sa filière d'agrocarburants. La mondialisation des échanges mondiaux ne conduirait pas les pays à renoncer, autant qu'ils le peuvent, à leur souveraineté alimentaire. Dans dix ans, la consommation mondiale de céréales destinées à l'alimentation humaine progresserait proportionnellement à l'accroissement de la population. Celle de blé destinée à l'alimentation humaine progresserait de 53 millions de tonnes et celle de céréales secondaires de 41 millions de tonnes. 700 millions de personnes en plus d'ici 2018. C'est la demande de céréales destinées à l'alimentation animale et à la production de bioéthanol qui exploserait. Elle serait plus de deux fois supérieure à celle estimée pour couvrir les besoins alimentaires des 700 millions de personnes supplémentaires qui peupleront notre planète dans dix ans. Une consommation qui par ailleurs, ramenée par tête, serait quasiment stable. La production de viande et de produits dérivés conduirait à une demande de céréales de près de 103 millions de tonnes, blé et secondaires confondues. Et la filière bioéthanol absorberait au moins 107 millions de tonnes en plus par rapport aux années 2005-2007. Les Etats-Unis doubleraient ainsi, pour cette filière leurs besoins en céréales. Sauf choix politique contraire. A noter par ailleurs que les prévisions présentées lors du colloque d'Arvalis peuvent à tout moment être remises en cause. Les accords commerciaux, les choix de politiques agricoles des grandes puissances économiques, les taux de change ou les coûts du fret sont autant de facteurs qui pourraient amener les pays à revoir leurs stratégies. Sans oublier les progrès de la recherche et l'accroissement des terres mises en culture. D'autres paramètres à ne pas négliger : par exemple, une Chine ou une Inde qui ne parviennent plus à l'autosubsistance ou encore le choix de la Russie ou de l'Ukraine de développer leur filière élevage. Enfin, n'oublions pas que l'essor de la production de biocarburants repose sur des mesures fiscales. Trop onéreuses, les états pourraient renoncer à les soutenir, une quantité énorme de céréales seraient alors portée sur les marchés. Synthèse Dalila B.