Notre pays qui devait effectuer d'importants achats, cette année, a déjà entamé ses opérations d'approvisionnement sur le marché international. 800 000 tonnes ont déjà transité par le port de Béjaïa. Le niveau atteint par la production mondiale de blé est de nature à rassurer l'Algérie contrainte, cette année, à effectuer d'importantes opérations d'approvisionnement en raison de la faiblesse de la production locale. Poussés par cette perspective d'une récolte abondante, les cours du blé sur les marchés internationaux ont entamé une courbe descendante après avoir enregistré un record jamais égalé durant cette année. Ainsi, selon le Conseil international des céréales qui a rendu public son rapport de situation, il y a quelques jours, les prix de cette céréale se sont encore repliés durant la première quinzaine de septembre après le léger fléchissement constaté au mois d'août. En effet, selon le CIC, les troubles sur les marchés financiers mondiaux du mois dernier ont déclenché une nouvelle volatilité des marchés céréaliers mais les prix à l'exportation se sont dans l'ensemble repliés devant les perspectives globalement favorables pour l'offre 2008, notamment dans le cas du blé. Le document confirme ainsi les tendances constatées et rapportées dans le rapport diffusé à la fin du mois d'août. Le CIC met donc l'accent sur le fléchissement des cours, une situation qui pourrait être avantageuse pour l'Algérie qui a déjà entamé les contacts pour effectuer des achats importants évalués à quelque 5 millions de tonnes pour couvrir la nette baisse de la production locale cette année. En effet, la production céréalière n'a pas dépassé cette année les 2,1 millions de tonnes, alors que la saison écoulée elle faisait pratiquement le double. L'Algérie est donc contrainte de repartir sur les marchés internationaux pour s'approvisionner. Ce qu'elle a déjà commencé à faire par le biais de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) qui, à travers le seul port de Béjaïa, a importé et fait transiter durant les huit premiers mois de 2008 plus de 500 000 tonnes de blé tendre. L'Office prévoit un volume “record” d'ici la fin de l'année, selon son directeur régional de Béjaïa, M. Oumammar, cité par l'APS. Le responsable régional de l'Office a également indiqué que l'Office s'attend en fin d'exercice à un volume de 800 000 tonnes, un “record” pour l'entreprise qui a dû compenser le retrait des importateurs privés du créneau et faire face à l'exclusivité en la matière, notamment depuis la hausse des prix sur le marché mondial. Si la tendance à la baisse se confirme, cela aiderait l'Algérie à faire des économies dans les achats, même si la facture destinée à ses approvisionnements demeure élevée. Pour revenir au rapport du CIC, on relève que la production en 2008 est désormais placée à un chiffre record de 676 millions de tonnes, 4 millions de plus que le mois dernier et une hausse de 11 % sur 2007. Des récoltes meilleures que prévu dans l'UE, en Russie et en Ukraine ont plus que compensé des prévisions plus faibles pour l'Australie, où les pluies restent insuffisantes. D'après les prévisions du CIC, l'inquiétude monte aussi pour la récolte argentine. Plusieurs pays font état d'un volume plus élevé que de coutume de blé déclassé en qualité fourragère en raison des piètres conditions de végétation ou des pluies à l'époque des moissons. Une utilisation accrue dans l'alimentation animale – on s'attend au niveau le plus élevé en 17 ans – majore la consommation mondiale de blé en 2008/09 à 646 millions de tonnes, 3 millions de plus qu'un mois plus tôt et 35 millions de plus que le total 2007/08. Bien que les projections de stocks de fin de campagne chez les cinq plus gros exportateurs, avec 41 millions de tonnes, soient légèrement inférieures au mois dernier, elles restent nettement supérieures au résultat de 29 millions enregistré l'an dernier. Les prévisions d'échanges mondiaux sont relevées de 1 million de tonnes, à 116 millions, 7 millions de plus qu'en 2007/08. Le CIC constate aussi que les estimations d'importations de blé destiné à l'alimentation animale dans des pays comme Israël, la Corée du Sud, les Philippines et la Thaïlande continuent d'augmenter alors que la demande pour du blé de meunerie de bonne qualité reste solide, le Pakistan et l'Iran en particulier ayant besoin de couvrir leur déficit intérieur. Les mouvements monétaires ont augmenté la compétitivité des blés UE en septembre et les ventes communautaires prévues pour 2008/09 sont majorées de 1 million pour passer à 16 millions de tonnes, 5 millions de plus que l'an dernier. Concernant les perspectives pour les céréales de manière générale, le CIC constate que malgré des retards de moisson, de nouvelles hausses des estimations de récolte dans l'hémisphère nord en septembre ont compensé la détérioration des perspectives dans certains pays de l'hémisphère sud, ce qui a redressé de 5 millions de tonnes les prévisions mondiales de production de céréales, à un chiffre record de 1 754 millions. La fermeté de la demande du secteur industriel (y compris 125 millions de tonnes pour la fabrication d'éthanol, soit 30 % de plus que l'an dernier) devrait doper le total de la consommation de céréales à 1 737 millions de tonnes. Les stocks de clôture dans les cinq principaux pays exportateurs sont placés à 93 millions de tonnes, 2 millions de moins qu'avant et seulement 1 million de tonnes de plus que leur très faible niveau de la fin 2007/08. Les échanges mondiaux sont projetés à 230 millions de tonnes, niveau identique au mois dernier, mais 7 millions de moins qu'en 2007/08. L'autre élément qui pourrait être avantageux pour l'Algérie dans ses importations, a trait aux taux de fret maritime pour le vrac sec sur de gros navires (Capesize) qui ont connu une nette baisse, perdant jusqu'à la moitié de leur valeur courant septembre, en raison d'une forte contraction de la demande en minerais. H. S.