Les Emirats arabes unis sont sortis de leur silence, hier, via leur banque centrale, basée à Abu Dhabi, pour rassurer les marchés financiers, à la veille de la réouverture des Bourses du Golfe, fermées depuis quatre jours, et surtout de Wall Street, qui a clôturé sa demi-séance de vendredi dans le rouge. La banque centrale des Emirats a fait savoir dans un communiqué qu'elle mettrait à disposition de banques locales et étrangères opérant dans sa zone monétaire un " dispositif spécial supplémentaire " qui leur permettra de s'abreuver en liquidités, moyennant un surcoût de 50 points de base . Cette disposition intervient à point nommé pour les établissements occidentaux les plus exposés à Dubaï, notamment les britanniques HSBC, Royal Bank of Scotland, ou Standard Chartered. La ligne de crédit dont ils disposent auprès de la banque centrale devrait permettre de faire baisser leur coût de refinancement et d'assurance-crédit qui a explosé ces derniers jours, en raison des craintes de défauts de paiement en cascade. Cette solution d'urgence est apparue d'autant plus indispensable, hier, que le conglomérat à l'origine de la crise, Dubaï World, aurait refusé, ce week-end, de vendre ses actifs estimés à 75 milliards de dollars. Si elle ne règle pas tout, l'intervention de la banque centrale démontre, au moins, que la solidarité financière régionale, sur laquelle parient les marchés occidentaux, fonctionne. " Le système bancaire émiratien est plus solide qu'il y a un an et dispose de plus de liquidités ", insiste la banque centrale. Ce n'est pas la première fois que l'institution monétaire vient en aide à Dubaï, le trublion de la fédération. En février, elle a souscrit 10 milliards de dollars sur les 20 milliards de dollars de bons du Trésor émis par l'émirat. En fera-t-elle autant cette fois-ci ? Hier, elle est restée silencieuse sur les montants et les modalités de son aide. À ce stade, rien ne dit que la banque centrale sera prête à puiser dans ses réserves de changes en dollars, accumulées grâce à la richesse pétrolière d'Abu Dhabi, pour payer les dettes de Dubaï, qui s'élèvent à 80 milliards de dollars, dont 60 mil liards pour le holding Dubai World. Si le geste de la banque centrale ne s'apparente pas encore à un sauvetage généralisé, il devrait éviter un effondrement des Bourses du Golfe et un effet boule de neige en Occident. Le gouvernement de Dubaï doit faire des annonces aujourd'hui pour rassurer les investisseurs, étrangers notamment, paniqués depuis l'annonce surprise mercredi, d'un ajournement de six mois au minimum du paiement des dettes de Dubai World. Car les largesses de la banque centrale émiratienne ne résolvent pas directement les déboires du conglomérat Dubai World, notamment de sa filiale immobilière Nakheel, qui affiche 25 milliards de dettes, dont 3,5 milliards de dollars devaient être payés le 14 décembre. Certains experts envisagent déjà une mise en faillite de Nakheel, qui épargnerait le vrai joyau de la couronne, DP World, l'un des plus gros opérateurs portuaires du monde.