Au lendemain de la crise financière survenue à Dubaï, l'émirat voisin, Abu Dhabi, capitale et principale composante des Emirats arabes unis (EAU), vole au secours de son frère Dubaï qui ploie sous 80 millions de dollars de dettes. Basée à Abu Dhabi, la Banque centrale des Emirats arabes unis a annoncé hier la mise à disposition de liquidités supplémentaires pour les banques locales et étrangères à un taux de 50 points au-dessus du taux interbancaire. Actuellement, des projets sont annulés, des chantiers travaillent au ralenti et des appartements et villas cherchent acquéreur. Surprise par la crise, mercredi dernier, Dubaï, « perle » du Golfe et Etat « bling bling », a annoncé son intention de demander aux créanciers de Dubai World, qui contrôle notamment Nakheel, de demander un moratoire de six mois, jusqu'au 30 mai 2010, pour le paiement de la dette arrivée à maturité. Nakheel devait régler, le 14 décembre, 3,5 milliards de dollars. Le holding gouvernemental Dubai World et sa filiale immobilière Nakheel ont contracté près de 60 milliards de dollars de dettes. La Banque centrale a assuré dans son communiqué que « le système bancaire émirati est plus solide qu'il y a un an et dispose de plus de liquidités ». En réalité, la Banque centrale fédérale des Emirats tente vaille que vaille de rassurer les opérateurs sur la solidité du système bancaire du pays, à la veille de la réouverture des Bourses d'Abu Dhabi et de Dubaï. Il y a lieu de signaler que la Banque centrale était intervenue une première fois en souscrivant en février, 10 milliards de dollars sur les 20 milliards de dollars de bons du Trésor émis au début de l'année par l'Emirat afin de faire face aux difficultés de Dubaï qui couvaient depuis le début de la crise financière mondiale. Aussitôt annoncée, la crise financière qui a secoué Dubaï et a plombé les marchés boursiers. De nombreux analystes s'accordent à dire que Dubaï est en train de payer le prix de sa fièvre immobilière. « Ce pays subit les conséquences d'une politique irrationnelle. Il s'est engagé dans une politique immobilière qui a dépassé ses capacités financières et technologiques. C'est presque du gaspillage », explique Salah Mouhoubi, économiste, joint hier par téléphone. Notre interlocuteur a fait savoir que le plan de régulation mis en place par le G20 ne pouvait prévoir la crise survenue à Dubaï. « Ce pays a fait des investissements improductifs. Ce sont des projets-mirages », indique-t-il, en estimant que cette crise immobilière ne va pas affecter pour autant les prix du pétrole. « Les prix du pétrole sont définis au sein des pays de l'Opep. Et les pays non membres de l'Opep n'ont pas intérêt à jouer avec les prix », souligne-t-il. Et comment Dubaï pourra-t-il sortir la tête de l'eau ? M. Mouhoubi invoque les liens de solidarité et d'entraide existant entre les pays du Golfe capables, selon ses dires, de permettre à Dubaï « de sortir de cette mauvaise passe ».