Synthèse de Badiaa Amarni Après une grande chute, les Bourses «commencent à rebondir alors que la crise financière gangrène un peu plus l'économie réelle». Ce sont les propos du prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman. La volatilité des Bourses, une situation sans précédent, est le fait, entre autres, des fonds spéculatifs, avec leurs actifs évalués à 1 800 milliards de dollars. Malgré cette situation, les principales places boursières ont enregistré une progression durant la semaine. C'est ainsi que le Dow Jones, à Wall Street, a clôturé sur un rebond hebdomadaire de 4,74%. En Europe, plus précisément à Paris, il est enregistré un regain de 4,83% cette semaine, contre 3,33% à Londres et 5,22% à Frankfurt. A l'opposé, la Bourse de Shanghai a enregistré une perte de 3,49% cette semaine et Bombay un recul de 5,24%, passant sous la barre des 10 000 points pour la première fois en plus de deux ans. Le marché financier saoudien, le plus important du monde arabe, a ouvert samedi dernier en baisse de près de 3%, au premier jour d'une nouvelle semaine de transactions. L'indice Tadawul All-Shares Index (TASI) s'est établi dans les premiers échanges à 6 675,45 points, soit un recul de 2,73% par rapport à la clôture de la semaine dernière, mercredi. La Bourse était tirée vers le bas par les secteurs bancaire et pétrochimique. Cependant, une hausse a été enregistrée hier. A l'ouverture, l'indice Tadawul All-Shares Index (TASI) de Riyad progressait de 1,3%. La Bourse de Dubai, qui avait ouvert avant Riyad, hier, sur une baisse de 2%, progressait dans la matinée de 3%, soutenue par le géant de l'immobilier Emaar, dont l'action a pris quelque 6%. L'autre Bourse des Emirats, celle d'Abou Dhabi, était en hausse de 2,6% après une baisse initiale de 0,3%. La Bourse de Koweït, deuxième de par son importance dans le monde arabe, accentuait, en revanche, ses pertes, cédant 2% en cours de séance après une ouverture en baisse de 0,8% seulement. Il faut souligner que, depuis le début du mois, les sept Bourses du Golfe ont subi des pertes importantes. Dubai a reculé de 22,4%, Abou Dhabi de 15%, Riyad de 13%, le Qatar de 16%, Oman de 14,6% et le Koweït de 10%. Par ailleurs, le marché américain du logement a poursuivi sa chute avec des mises en chantier tombées en septembre à un plus bas depuis plus de 17 ans. L'indice de confiance des consommateurs américains, pour sa part, a encore perdu 13 points en octobre. Et les analystes ont établi des prévisions selon lesquelles une dégringolade du marché automobile est prévue en 2008, avec un plongeon de 30% des ventes sur un an, à un plus bas depuis la récession du début des années 1980. Les Etats-Unis, devant cette situation peu reluisante, envisagent un plan de relance économique qui pourrait être adopté avant même l'entrée en fonction du prochain président en janvier. Au chapitre de l'économie réelle, les spécialistes estiment que la récession provoquée dans les pays riches par la crise financière «durera plus d'un an, entre un an et un an et demi». Du côté de l'Europe, l'Irlande est déjà en récession et l'Italie pourrait subir le même sort avec une baisse du PIB de 0,2% attendue pour 2008 par le patronat local. Pour sa part, l'Allemagne, compte au mieux sur une croissance de 0,2% désormais en 2009. Beaucoup d'autres pays manquent même de capitaux. Vendredi dernier, l'Ukraine négociait déjà un prêt de 14 milliards de dollars auprès du FMI, tandis que la Hongrie a été placée sous assistance par la Banque centrale européenne avec un prêt de 5 milliards d'euros. L'Islande, elle, décidera d'ici une semaine si elle recourra ou non à une aide du FMI. Si c'est le cas, cette démarche serait une première pour un pays occidental depuis 1976. Quant à la Russie, elle vit au rythme d'une fuite de capitaux spéculatifs qui ont totalisé 33 milliards de dollars seulement pour les mois d'août et septembre, selon un haut fonctionnaire russe. La Corée du Sud envisage l'injection de 30 milliards de dollars supplémentaires afin d'aider les banques et la devise nationale, le won, à faire face à la crise financière, selon ce qu'a rapporté la presse locale samedi dernier. Il faut rappeler que le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a estimé que «les plus défavorisés», comme à l'accoutumée, «paieront le plus lourd tribut à cette crise». Selon lui, avec l'envolée des prix alimentaires et énergétiques en 2008, le nombre des personnes souffrant de la faim a augmenté de 75 millions dans le monde par rapport à 2005, à près d'un milliard. S'il y a un autre signe des difficultés économiques actuelles, il faut signaler la baisse des cours du pétrole, divisés par deux depuis l'été, à environ 70 dollars. Cette chute a poussé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à avancer de trois semaines, au 24 octobre, sa prochaine réunion, lors de laquelle elle pourrait baisser sa production d'environ un million de barils par jour, selon des analystes.