Les pratiques culturales qui capturent le carbone et le stockent dans les sols offrent quelques-unes des options les plus prometteuses pour une action précoce, efficace et à coût réduit pour lutter contre le changement climatique dans les pays en développement tout en contribuant à la sécurité alimentaire, selon un rapport sur les politiques en matière d'agriculture et de changement climatique préparé par la Fao pour le Sommet de Copenhague qui s'ouvre le 7 décembre. Selon ce rapport, il est regrettable que l'agriculture ait été largement exclue des mécanismes principaux de financement en matière de climat, qui doivent faire l'objet de discussions à Copenhague. L'agriculture ne souffre pas seulement des conséquences du changement climatique, elle est également responsable de 14 pour cent des émissions globales de gaz à effet de serre. Mais elle a le potentiel de constituer une partie importante de la solution, grâce à l'atténuation (réduction et/ou élimination) d'un volume significatif d'émissions globales. Quelque 70 pour cent de son potentiel de réduction des émissions pourraient être réalisé dans les pays en développement, selon le rapport. "Nous espérons que le Sommet des Nations Unies à Copenhague enverra un signal clair que l'agriculture dans les pays en développement devrait remplir un rôle vital en relevant ce défi mondial", déclare M. Alexander Müller, sous-directeur général de la FAO Le rapport relève que des financements sont nécessaires pour aider les pays en développement "vulnérables" à répondre de manière plus globale au double défi du changement climatique et de la sécurité alimentaire. Il souligne qu'un tel soutien devrait récompenser les actions ciblant la réduction des émissions et l'adaptation au changement climatique tout en encourageant le développement agricole et le renforcement de la sécurité alimentaire. Dans ce rapport, la FAO indique que la production alimentaire devra augmenter de 70 pour cent pour nourrir les 2,3 milliards de bouches supplémentaires d'ici à 2050. Le changement climatique menace la production agricole à cause des températures plus élevées, des modifications du cycle des pluies et des sécheresses et des inondations plus fréquentes, notamment dans les régions qui sont déjà sujettes à des catastrophes naturelles dues au climat. Les régions les plus pauvres et ayant les niveaux les plus élevés de faim chronique sont prédisposées à souffrir le plus du changement climatique. Certaines pratiques culturales, y compris celles de l'agriculture bio et de conservation, capturent le carbone et le stockent dans le sol. Elles comprennent peu ou pas de labour, l'utilisation des résidus pour le compostage ou le paillage, le recours à des cultures pérennes pour couvrir les sols, le réensemencement ou l'amélioration de la gestion des pâturages dans les prairies et l'agroforesterie qui allie cultures et arbres. L'idée est de déranger le moins possible le sol, de le garder couvert, de mélanger et de procéder à la rotation des cultures afin que le carbone soit puisé de l'atmosphère et stocké dans les sols et la végétation. Près de 90 pour cent du potentiel de l'agriculture de réduction ou d'élimination des émissions de l'atmosphère proviennent de telles pratiques. Outre la séquestration du carbone par les sols, l'utilisation plus efficace des fertilisants et une meilleure gestion des systèmes de bétail sont également des options prometteuses qui renforcent la réduction ou l'élimination des émissions. Nombre de ces activités peuvent aussi réduire la déforestation et la dégradation des forêts du fait des gains de productivité associés. Cela signifie que de la nourriture supplémentaire peut être produite sans l'intrusion de l'agriculture dans les forêts. Tout en lançant un appel pour des financements en faveur de programmes d'atténuation et d'adaptation par l'agriculture, la FAO estime qu'un programme de travail sur l'agriculture au sein de l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) instaurerait la confiance au plan international à propos du rôle de l'agriculture dans l'atténuation et l'adaptation au changement climatique. Dalila B.