Une cinquantaine de jours avant le sommet de Copenhague, Londres accueillait la semaine dernière deux séries de discussions internationales consacrées au climat. En premier lieu, les ministres de 20 pays se sont retrouvés pour aborder l'un des dilemmes les plus pressants dans l'optique d'un accord mondial sur le changement climatique : la question du charbon. Pour tous les décideurs soucieux de concilier protection du climat et sécurité d'approvisionnement de l'énergie, le charbon est le combustible qu'il nous faut rendre « propre ». C'est, en effet, l'un des combustibles qui présente la plus forte empreinte carbone, non seulement par rapport aux énergies renouvelables, mais également par comparaison avec les autres combustibles fossiles. Une unité d'électricité produite par une centrale électrique au charbon crée environ deux fois plus de CO2 qu'une unité d'électricité issue du gaz. Mais nous ne pouvons pas vivre sans charbon, car celui-ci constitue le fondement même des réseaux électriques de nombreux pays du monde. Le charbon est bon marché et abondant. Au Royaume-Uni, il fournit un tiers de l'électricité. Dans d'autres pays, la proportion est beaucoup plus élevée. J'étais la semaine dernière en Pologne, un pays qui génère 95% de son électricité à partir du charbon. Il est très difficile d'envisager pour le monde un avenir énergétique pérenne qui ne passerait pas par cette ressource naturelle.La seconde conférence, organisée conjointement par le Royaume-Uni et la Norvège, se concentrait sur les technologies susceptibles de résoudre le dilemme de la capture et du stockage (séquestration ?) du carbone. La séquestration du carbone peut éliminer 90% des émissions de CO2 des centrales électriques au charbon. Le dioxyde de carbone est pris au piège dans les conduits des centrales électriques et acheminé vers des dispositifs de stockage sécurisés à long terme. La séquestration du carbone peut ainsi transformer le charbon en un combustible à faible émission de carbone. Sans la séquestration du carbone, le coût de la lutte contre le changement climatique augmenterait de 70%. La difficulté réside dans le fait qu'il s'agit d'une technologie nouvelle et complexe. Nous aurons besoin d'une action concertée pour passer des modestes projets pilotes actuels à une application généralisée dans toutes les centrales électriques. L'ampleur des changements requis est à l'échelle des autres grandes percées industrielles et technologiques de l'humanité. En outre, ces changements devront être engagés sans délai si nous souhaitons opérer la transition à temps pour relever le défi climatique auquel le monde est aujourd'hui confronté. Le Royaume-Uni a déjà dévoilé des projets audacieux en faveur de la séquestration du carbone. Nous avons proposé d'imposer aux nouvelles centrales électriques au charbon les exigences les plus strictes au monde et prévoyons de mettre en service jusqu'à 4 projets de démonstration de séquestration d'envergure commerciale pour démontrer la validité de cette technologie. Des milliards de livres sterling sont consacrés à l'investissement technologique en faveur d'un charbon propre. Pour mettre en œuvre ces changements indispensables, nos deux pays collaborent pour s'assurer que cette technologie devienne une vraie option pour les plus grands consommateurs de carburants fossiles à travers le monde. Il est essentiel que tous les pays qui travaillent aujourd'hui à la séquestration du carbone fassent de même . Ainsi, la semaine dernière à Londres, nous avons discuté de plans mondiaux pour la séquestration du carbone. Nous avons parlé avec les représentants de l'Europe et de la Chine de plans conjoints pour développer la première centrale électrique chinoise d'échelle commerciale utilisant la séquestration. Le ministre d'Etat américain à l'Energie, Steven Chu, a présenté le plan déjà en place et en cours d'exécution aux Etats-Unis. En collaboration avec nos partenaires qui partagent avec nous les côtes de la mer du Nord, nous avons discuté du rôle que cette dernière peut jouer dans le stockage du CO2 extrait. La réunion de Londres a également été l'occasion d'aborder le contenu plus général de l'accord de Copenhague lui-même. Les 17 membres du Forum des grandes économies se se sont réunis pour développer une vision commune et établir un consensus sur certains principes généraux avant le sommet de Copenhague. L'ironie veut que les pays qui ont le moins contribué au changement climatique en subissent les effets les plus graves, et je suis donc particulièrement heureux que des pays vulnérables comme le Bangladesh, les Maldives et le Costa Rica aient pu participer également aux discussions. En matière de changement climatique, nous n'aurons pas droit à une « seconde chance » ; nous ne pouvons donc pas nous permettre de perdre une seule journée entre aujourd'hui et le sommet de Copenhague. Nous devons saisir toutes les occasions pour progresser vers un accord qui soit le plus ambitieux, le plus efficace et le plus équitable possible. L'auteur es Ministre d'Etat britannique de l'Energie et du Changement climatique