La Banque africaine de développement (BAD) souhaite faire passer son capital social de 34 milliards de dollars à 96 milliards. Fortement mise à contribution par les effets de la crise sur l'économie des états du continent Noir, la Banque africaine de développement (BAD), établissement public dont le fonctionnement est proche de celui de la banque mondiale souligne l'importance d'une augmentation de capital. L'objectif est de faire passer son capital social de 34 milliards de dollars actuellement à 96 milliards. Un premier élément de réponse sera apporté dès le mois de mai 2010 à Abidjan. La décision finale pourrait être prise dès 2011, sans attendre le rendez-vous initialement prévu en 2013. Déjà certains états actionnaires sont passés à l'action. Le Canada a triplé son capital au sein de la banque (à 2,6 milliards de dollars). Ainsi, les États actionnaires de la BAD, qui sont à 40 % non africains - dont la Chine - donneront un début de réponse. La Chine s'impose en Afrique avec une prédilection pour les matières premières ou agricoles. "En Zambie 25 % de la production d'œufs part pour la Chine ", assure Yves Ekoué Amaïzou, économiste du think-tank "Afrology". L'appétit de la Chine inquiète, mais l'Afrique n'a pas les moyens de s'en passer : les Chinois auraient déjà investi 40 milliards et viennent d'en promettre dix autres. Ce pays qui aurait dépêché 100 000 ressortissants sur tout le continent multiplie les travaux d'infrastructures voies ferrées, routes pour faciliter ses propres activités… "L'Afrique a besoin de capitaux, quelle que soit leur origine,” explique Donald Kaberuka, “la Chine n'investit pas pour le bonheur de l'Afrique, mais pour celui de la Chine. Je ne pense pas qu'il y ait d'arrière-pensées politiques. L'Afrique est aujourd'hui majeure. Elle en a vu d'autres." La BAD est au four et au moulin : avec plus de 3 200 projets conduits depuis sa création en 1964 pour un total de 70 milliards de prêts, l'institution s'est spécialisée dans les travaux d'infrastructures qui représentent 60 % de ses opérations. La crise a accru les besoins : les prêts qui avaient atteint 5,2 milliards de dollars en 2008 devraient s'élever à plus de 7 milliards cette année pour aider les pays les plus pauvres à survivre et les autres à se développer.