Le ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad al-Attiyah, et son homologue des Emirats arabes unis, Mohammad al-Hameli, se sont dit hier satisfaits des cours du brut sur les marchés internationaux. "Le prix du pétrole est actuellement convenable", a déclaré le ministre qatari en marge d'une conférence internationale sur les technologies dans l'industrie pétrolière qui s'est ouverte à Doha. "Nous devons être réalistes et ne pas comparer les prix d'aujourd'hui avec ceux du premier semestre de l'année 2008. Cette année-là était exceptionnelle", a ajouté M. Attiyah, indiquant, à propos de la crise économique mondiale, s'attendre à ce que "l'année 2010 soit meilleure que 2009". Pour sa part, le ministre émirati de l'Energie a déclaré aux journalistes que les cours du brut étaient "bons" et qu'ils aideraient "les pays producteurs, notamment ceux du Golfe, à augmenter leurs capacités de production". "La demande mondiale (de brut) va encore augmenter et il faut assez de brut pour répondre à cette demande", a-t-il encore dit. Hier le pétrole entamait une quatrième séance de baisse lundi en début d'échanges européens, passant sous 75 dollars à New York, affaibli par le renforcement de la monnaie américaine. Vers 11H00 GMT (12H00 à Berne), le baril de Brent de la mer du Nord, échangé à Londres pour livraison en janvier, perdait 32 cents à 77,20 dollars. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI) échangé à New York pour la même échéance perdait 54 cents, à 74,93 dollars. Après trois séances de recul la semaine dernière, les cours du brut continuaient sur la même pente lundi, plombés par le regain du dollar américain, qui érode le pouvoir d'achat des investisseurs pour les matières premières. Dopé par une baisse inattendue du chômage américain (à 10,0%) annoncée vendredi, le dollar américain a grimpé lundi jusqu'à 1,4756 dollar, son niveau le plus fort face à l'euro depuis le 4 novembre. "Les chiffres de l'emploi étaient bien meilleurs que les attentes, mais ils ont suscité la crainte que la banque centrale américaine (Fed) ne remonte ses taux d'intérêt plus tôt que prévu", a rappelé Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix. Alors que l'état physique du marché reste faible, le dollar avait été depuis plusieurs mois le principal vecteur de hausse des prix du pétrole. "Une grande part de la hausse des cours de plusieurs marchés (actions, devises à fort rendement, or, pétrole.. ndlr) a été liée à la faiblesse du dollar et ni l'état de l'économie mondiale ni celui du marché pétrolier ne sont assez forts pour compenser l'influence du dollar dans les échanges", juge M. Jakob. De fait, la baisse du chômage américain indique que la consommation d'énergie devrait repartir aux Etats-Unis, mais cela n'a pas réussi à soutenir les prix, l'effet "technique" du dollar fort l'emportant largement sur les espoirs de reprise. "Les destructions d'emploi étaient moins importantes en novembre qu'au cours des derniers mois, mais cela n'a pas eu d'effet sur la demande pétrolière américaine, qui reste inférieure d'au moins 2 millions de barils par jour (mbj) par rapport à ses niveaux de novembre 2007", remarque aussi M. Jakob. En d'autres termes, les Américains ont arrêté de consommer l'équivalent de la production du Koweït.