Après "ini-d ay amghar" (Dis-moi le sage !), un album paraphé en 2005, le chanteur Aït Menguellet récidive avec un nouvel opus qui sera dès la première quinzaine du mois de juillet dans les bacs. Cet opus s'intitule, "Amenugh" littéralement " la bagarre ". L'œuvre contient six chansons composées par le chanteur lui-même en plus de deux reprises dont la célébrissime " Yel Menfi" de Akli Yahiaten, une version que cet autre artiste kabyle a traduite d'après une chanson réputée de Bob Dylan. Voulant à tout prix cocher son fils Djaâfar qu'il pousse à chaque fois au-devant de la scène, le père Lounis a offert à son rejeton la chance d'effectuer lui-même les arrangements de "Amenugh ". Deux mois plus tôt, Aït Menguellet avait annoncé cet événement dans une émission télévisuelle très attendue consacrée à l'artiste, sur Berbère Télévision. Le rendez-vous était programmé à une heure de grande écoute puisqu'il s'agissait pour Aït Menguellet de revenir dans cette émission qui s'appelle Art et société et qui était animée par Kamel Tarouiht, non seulement sur sa carrière mais aussi sur ce nouvel opus. Aït Menguellet était par ailleurs visible le 2 mai dernier au Palais des sports à Paris. Il était aux côtés de son compère Akli Yahyaten, avec lequel il est déjà monté sur scène. Le chanteur kabyle dont le fils avait au début de l'année 2008 défrayé la chronique suite à l'assassinat d'une vieille dans un appartement de la banlieue française, semble ces dernières années, de plus en plus porté par la scène algérienne et étrangère. Il n' y a pas eu un Ramadhan -et cela depuis les années 2000- sans que Aït Menguellet ne soit à l'affiche, que çe soit à Alger, Béjaïa, Tizi-Ouzou ou Tiaret. Il est vrai que le chanteur, qui avait souvent des frictions avec son compère le défunt Matoub Lounes, n'est pas prolifique, mais ça ne l'empêche pas d'être l'un des auteurs compositeurs kabyles les plus appréciés et les plus respectés de la génération des années 70. Ayant débuté par des chansons sentimentales courtes, Lounis Aït Menguellet explore à présent de plus en plus le territoire sociopolitique dans lequel il donne un large répertoire. Son dernier album paraphé en 2005 en témoigne d'ailleurs. Les premiers pas A peine âgé de dix huit ans, le jeune Lounis avait débuté sa carrière en 1968 avec une bande de copains qui créa le groupe, Imazighen. " On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kabylie. Je me rappelle bien de ce gala qu'on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, et j'en garde un très bon souvenir. C'était notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisés ". Des pères blancs avaient mis à leur disposition une pièce pour que le groupe puisse répéter. Et au premier étage, Mouloud Mammeri dispensait des cours de langue amazighe ; Lounis apprendra l'alphabet tifinagh grâce à l'écrivain. Très timide, Aït Menguellet a été pris de force par son cousin à l'émission kabyle pour jeunes talents, " Nouva Ihafadhen ". Celle-ci était dirigée par le monstre sacré Cherif Kheddam, qui a découvert la plupart des noms de la chanson kabyle à l'image de Nouara, Idir, Ferhat etc… Dans cette émission, le jeune Lounis chante sa première chanson, composée en 1966, à l'âge de seize ans, à la suite de sa première (et dernière, avouera-t-il plus tard) déception amoureuse, Ma trud ula d nek kter (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Celui qui avait l'habitude de chanter entre copains sous le clair de lune d'Ighil Bouammas, son village natal, devient, en quelques mois, une star locale. Sa carrière est lancée. Son cousin s'occupait du groupe, et jouait un peu le rôle de manager. "C'est lui qui m'avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu'en 1970. Puis, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l'expérience a quand même duré près de trois ans ". De retour chez lui à Ighil Bouammas, Lounis est recruté comme secrétaire à la Kasma de la région, et il se marie. Avec l'aide d'un de ses amis, Kamel Hamadi, il surmonte les obstacles imposés par la vie militaire pour continuer à enregistrer : " Kamel m'avait, en fait, beaucoup aidé à foncer. " Aujourd'hui le chanteur est devenu une véritable icône pour tous les kabyles, révoltés ou pas!