Il faudrait d'abord définir ce que l'on voudrait défendre en commun, comment le défendre et avec quels moyens. Ensuite, éclairer toute politique sur la durée, en mettant d'abord l'accent sur l'action curative puisque les problèmes sont déjà là, ensuite, et ensuite seulement, sur l'aspect préventif. Serait-il difficile d'approcher l'avenir avec une pensée renouvelée, des approches reformulées, alors que l'heure est plutôt à tenter de prendre l'exacte mesure des problèmes et à en débattre dans un cadre national pour trouver les éléments d'un vrai consensus, pour que celui-ci soit réel et non pas fictif ? Quel intérêt y aurait-il à noircir assez le tableau pour faire croire à nos jeunes qu'il n'y a plus de place chez eux et qu'il va leur falloir affronter la mort s'il le faut et, bien sûr, il le faut, selon les explications qui leur sont données, pour tenter de vivre ailleurs, un ailleurs pourtant qui leur est hostile. Cela ne peut pas être une fatalité que l'on ne puisse pas faire rupture avec le fait que c'est l'hostilité ou la méfiance à l'égard de l'autre qui génère la stratégie. La première conviction que le traitement existe réside d'abord dans l'existence de tous ces phénomènes. Il faudrait les reconnaître pour ensuite les traiter. Cela ne peut pas être une fatalité que l'on se dise que nous ne pouvons pas donner l'espoir de rester chez eux aux jeunes qui affrontent la mort en haute mer, ou relancer l'économie, ou animer sainement le champ politique, ou multi-polariser le champ syndical. Sans leur reconnaissance, aucune équation de résolution des variables ne pourra correctement être posée. Reconnaître ne signifie pas faire l'aveu de son incompétence, mais plutôt de la volonté à résoudre cette équation. Mais, peut-on réellement mettre le cap sur la réunion des conditions à solutionner les problèmes qui se posent si le système politique repose sur les rapports de force et non sur les rapports d'opinion ? A l'inverse, quand bien même que soit banni le recours aux rapports de force, les rapports d'opinion dans le contexte actuel, sont-ils de ceux qui permettent de mettre le cap sur la démocratie, qui est le préalable à l'acceptation que tout se négocie sans tabou ? Il apparaît ainsi qu'il y a de grands risques que l'avenir ne soit plombé car on sait que c'est le dialogue qui peut contribuer, et lui seul, à une sortie de crise que malheureusement, le dialogue est perçu comme un facteur d'aggravation de la crise, car, selon la tradition, chacun y va pour réciter sa partition, et qu'en tout point, ce n'est jamais l'usage de la force qui mettra le pays sur une trajectoire démocratique. Voulons-nous réellement de la démocratie ? Tout, tout de suite ? Une démocratie sur les critères occidentaux ? sur d'autres critères ? Comment y parvenir ? N. B.