Il faudrait d'abord définir ce que l'on voudrait défendre en commun, comment le défendre et avec quels moyens. Ensuite, éclairer toute politique sur la durée, en mettant d'abord l'accent sur l'aspect curatif, puisque les problèmes sont déjà là, ensuite et ensuite seulement sur l'aspect préventif. Serait-il difficile d'approcher l'avenir avec une pensée renouvelée, des approches reformulées, alors que l'heure est plutôt à tenter de prendre l'exacte mesure des problèmes et à en débattre dans un cadre national pour trouver les éléments d'un vrai consensus, pour que celui-ci soit réel et non pas fictif ? Lorsqu'on tente de convaincre les populations qu'il est grand temps qu'elles renoncent à l'exigence d'un Etat providence qui leur procurait le sentiment de confort et de sécurité, qu'elles doivent accepter que soit abaissé le niveau des barrières de protection sociale, alors que les conditions ne sont pas encore réunies pour que les entreprises deviennent performantes et fournissent aux travailleurs un coussin amortisseur pour les frustrations socioéconomiques, il est évident qu'un tel discours ne passe pas encore et ne soit pas reçu sous l'angle de son acceptation. Comment convaincre les populations qu'il leur faudrait exiger ou accepter la disparition de l'Etat providence, quand se présente tout le temps un noircissement du tableau qui tente de faire croire à nos jeunes qu'il n'y a plus de place chez eux et qu'il va leur falloir affronter la mort s'il le faut, et bien sûr il le faut selon les explications qui leur sont données, pour tenter de vivre ailleurs, un ailleurs pourtant qui leur est hostile. Il n'est pas facile de passer d'une époque où le travail était un droit, à une époque où il est une chance assez rare ; d'une époque où c'était à l'Etat que revenait l'obligation de fournir un emploi, à une époque où c'est à l'entrepreneur public ou privé de recruter sans que l'obligation ne lui soit signifiée ; d'une époque où le recrutement était suivi d'un plan de carrière à une époque de CDD, contrat à durée déterminée, c'est-à-dire que rien n'est définitif. Cela ne peut pas être une fatalité que l'on se dise que nous ne pouvons pas donner l'espoir de rester chez eux aux jeunes qui affrontent la mort en haute mer, ou relancer l'économie, ou animer sainement le champ politique, ou multi polariser le champ syndical. Cela ne peut pas non plus être une fatalité que l'on ne puisse pas faire rupture avec le fait que c'est l'hostilité ou la méfiance à l'égard de l'autre qui génère la stratégie. Avons-nous réussi à mettre le cap sur la réunion des conditions devant solutionner les problèmes qui se posent, si la construction du système économique ignore celle du système politique et que cela soit l'objet d'une transaction ? Il apparaît ainsi qu'il y a de grands risques que l'avenir soit plombé, car on sait que c'est le dialogue qui peut contribuer, et lui seul, à une sortie de crise, et le dialogue ne concerne pas uniquement les acteurs politiques mais également les acteurs économiques, surtout les acteurs économiques. Il est normal alors que soit attendu que les populations recherchent encore la sécurité en demandant plus d'Etat, ou plus particulièrement, tout Etat, pourvu que le minimum soit garanti et l'impression est encore grande qu'il n'y a que l'Etat pour le garantir en continuant, comme par le passé, à être un pourvoyeur d'emplois quitte à retourner aux formules d'usines clé en mains ou produits en mains, des concepts qui avaient fait fureur à l'époque. Serait-il venu pour l'Etat le moment qu'il se désengage de tout pour devenir un Etat garant, ce qui n'est pas bien perçu dans la situation actuelle où les entreprises privées n'ont pas pris la place de l'Etat dans les investissements lourds? Le demande d'Etat est toujours forte, preuve en est que les populations en réclament sur tous les plans, l'économie, l'emploi, le social, la sécurité , ce qui traduit bien sûr pour l'opinion publique la conviction qu'il n'est pas encore le moment pour que l'Etat abandonne son pouvoir aux forces du marché. N.B