Le changement climatique constitue "une bombe à retardement pour la sécurité alimentaire dans le monde", où déjà plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim. " Le changement climatique est une bombe à retardement pour la sécurité alimentaire ", a averti mercredi le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, en marge du Sommet sur le changement climatique à Copenhague.L'expert indépendant des Nations Unies a souligné l'importance de prendre en compte les droits de l'homme, dont le droit à l'alimentation, dans toute stratégie d'atténuation du réchauffement de l'atmosphère. Il appelle les gouvernements à accélérer la mise en place de politiques environnementales ancrées sur les droits de l'homme pour éviter une aggravation de la crise alimentaire. Il a rappelé que le réchauffement du climat serait " ressenti de manière disproportionnée " par certains pays parmi les plus pauvres et, au sein de ceux-ci, par les plus populations les vulnérables. Le respect des droits de l'homme risque d'être affecté en cas d'accord limité à Copenhague, a-t-il averti. M. De Schutter estime que l'on doit inscrire les politiques d'atténuation et d'adaptation dans le cadre des droits de la personne. "Nous savons que l'impact des changements climatiques sera ressenti plus fortement dans certains des pays les plus pauvres et plus particulièrement par les plus vulnérables", explique-t-il dans un communiqué. Seules des politiques prenant en compte les droits de l'homme y compris le droit à l'alimentation seront à même de "minimiser" cet impact sur les populations pauvres particulièrement exposées tels que les fermiers ou les indigènes. "Nous pouvons faire en sorte que les politiques (environnementales) soient dessinées et appliquées de façon à donner la priorité aux groupes les plus vulnérables, et que les changements climatiques ne contribuent plus aux inégalités et à la pauvreté", a insisté le rapporteur de l'ONU.Il ne s'agit pas d'un débat théorique, a-t-il observé. Certaines initiatives, aussi bien intentionnées soient-elles, ont un impact négatif sur le droit à l'alimentation. M. De Schutter a expliqué que des populations avaient été déplacées pour permettre le reboisement ou pour développer des cultures liées aux agrocarburants. Pour le Rapporteur spécial, on doit " exploiter les synergies entre la lutte contre le changement climatique et le combat contre la faim ". Il a indiqué que certains modes de production agro-écologiques avaient non seulement permis d'augmenter la production, en améliorant les revenus des paysans tout en respectant l'environnement. Toujours en marge de la Conférence de Copenhague, le Programme alimentaire mondial (PAM) a présenté son programme de développement de réchauds écologiques, moins gourmands en bois de chauffage. A cette occasion, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souligné qu'outre leur intérêt écologique en matière de limitation de la déforestation, ces réchauds allégeaient considérablement la tâche astreignante et dangereuse de récolte de bois pour les femmes. Il s'agit pour l'heure d'un projet pilote du PAM lancé en Ouganda et au Soudan. Dès l'an prochain, il bénéficiera à six millions de réfugiés, déplacés et personnes regagnant leur région d'origine dans 36 pays. Interrogé sur un possible échec de la Conférence de Copenhague qui s'achève dans moins de trois jours, M. Ban s'était dit " raisonnablement optimiste " mardi. Mercredi, lors d'un point de presse avec le chef du gouvernement britannique, Gordon Brown, il a expliqué qu'il restait deux questions à régler pour assurer le succès de la Conférence. La première est de parvenir à " un objectif ambitieux " en matière de réduction à moyen terme des émissions de gaz à effets de serre ; la seconde est de combler le fossé séparant pays développés et en développement en assurant " un appui financier et technologique suffisant " des premiers en faveur des seconds, " particulièrement les plus vulnérables ". D.T.