La session ministérielle de la conférence de l'ONU visant à conclure un accord mondial sur le climat a débuté, mardi à Copenhague, par des mises en garde répétées sur le risque d'échec en raison du blocage persistant dans les négociations. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, est venu en personne donner un coup de fouet à des pourparlers enlisés dans les querelles entre pays riches et en développement sur les objectifs et les financements. Yvo de Boer, le responsable de l'ONU, a relevé « des progrès » mais, poursuit-il, « pas suffisamment pour pouvoir présenter Copenhague au monde comme un succès ». Un nouveau projet d'accord, laissant de côté les objectifs chiffrés de réductions confiés à des groupes de travail, a été soumis aux délégués. L'idée reste de limiter le réchauffement de la planète à +2 degrés. Ce qui implique des réductions drastiques et rapides des émissions. Le sentiment d'urgence s'accroît d'heure en heure, avant le sommet qui aura lieu demain. Le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, a estimé qu'il sera « très difficile » d'aboutir à un accord pour lutter contre le réchauffement climatique.« Il faut non seulement polluer moins avec des engagements clairs, mais qu'il faut aussi aider les pays pauvres à ne pas continuer de leur côté à détruire l'environnement », a déclaré M. Compaoré, le président burkinabé, à l'adresse des pays développés. La première impression ressentie est que les participants peinent à dépasser leurs divergences. Ils ont pourtant le devoir de dépasser le stade de la bonne intention pour s'inscrire dans l'action. Ce sommet, auquel participent plus d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, revêt « une importance particulière pour l'ensemble du continent africain qui figure parmi les zones les plus touchées par le phénomène du réchauffement climatique », a souligné la présidence de la République algérienne. Les discussions restent marquées par beaucoup de tensions. La France a appelé les pays développés à faire un « geste particulier » à l'égard de l'Afrique, principale victime du réchauffement climatique, a déclaré hier à Copenhague Alain Juppé, membre de la délégation française à la conférence sur le climat (COP-15). Le rapporteur onusien pour le droit à l'alimentation a qualifié le changement climatique de « bombe à retardement pour la sécurité alimentaire dans le monde, où déjà plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim ». Un rapport publié récemment par le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde contre l'augmentation de 10 à 20% supplémentaires, d'ici 2050, du risque de souffrir de la faim à cause du changement climatique. Les négociations sur le climat à Copenhague sont « en crise », ont affirmé les principales ONG accréditées à la conférence de l'ONU, appelant les chefs d'Etat à s'engager fortement pour aboutir à un accord. Officiellement, la conférence sur le climat de Copenhague ne peut pas conduire à un échec, mais en coulisses, diplomates et experts envisagent déjà les conséquences politiques de l'éventuel fiasco d'un sommet réunissant les deux tiers des dirigeants de la planète. Faut-il être optimiste sur les accords à attendre de ce sommet ? Non et oui. Actuellement, mis bout à bout, les engagements annoncés à ce jour par les pays industrialisés à l'horizon 2020 représentent une baisse de 12% à 16% de leurs émissions par rapport à 1990, loin de la fourchette de 25% à 40% mise en avant par les scientifiques pour se placer sur la bonne trajectoire. Ces dernières semaines ont pourtant apporté quelques signaux encourageants avec les premiers engagements chiffrés des Etats-Unis, de retour dans le jeu climatique après huit années d'inaction sous Bush, et de la Chine – les deux principaux pollueurs de la planète – puis de l'Inde.