Les pays émergents représentent un réservoir de croissance pour les banques occidentales, mais le succès exige du savoir-faire, et la concurrence locale est rude, selon les dirigeants de la société Orga Consultants, auteurs d'une "étude sur l'expansion des réseaux bancaires". Alors que "les marchés matures sont aujourd'hui quasiment saturés", et que "l'évolution des réseaux n'y est souvent qu'un jeu à somme nulle", les pays émergents, dynamiques et peu bancarisés, offrent de fortes possibilités de développement. Ainsi, les réseaux d'agences bancaires se sont-ils développés en moyenne de 9%, en 2008, dans les 171 banques de détail, nationales et étrangères, de 22 pays émergents étudiées par Yoann l'honneur et Jean-Marc Velasque. Le Maghreb et l'Afrique francophone offrent pour les françaises un "potentiel très fort" de développement, estiment-ils. Les seules banques françaises ont investi 6,8 milliards d'euros sur les zones émergentes entre 2006 et 2008, dont 3,3 milliards d'euros pour la Société Générale. La banque rouge et noire est la plus présente et la plus "agressive" sur ce marché, devant BNP Paribas, selon les auteurs. Notons que selon un récent rapport, l'Afrique du Nord constitue depuis quelques années une "zone stratégique", pour le développement international des banques françaises, présentes aussi bien au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Particulièrement à cause des transferts des migrants. En 2008, les transferts de fonds en provenance de France se sont élevés, par exemple, à 4,7 milliards d'euros en direction du Maroc, 1,5 milliard pour l'Algérie et 1,3 milliard pour la Tunisie, soit respectivement 9%, 1,6% et 4,9% de leur produit national brut, fait remarquer le journal. Dans un contexte plus global, les banques occidentales sont de plus en plus présentes sur ces marchés, pouvant contrôler jusqu'à 80% des réseaux bancaires dans des pays comme le Mexique ou la Hongrie. Si l'on prend comme mesure de leur dynamique les fusions et acquisitions, l'on constate que la part des opérations visant des établissements d'économies émergentes est passée de 13% des opérations transfrontières entre 1991 et 1995 à plus de 35% dix ans plus tard, affirment les auteurs. Mais les banques occidentales doivent compter avec les acteurs locaux, "fortement représentés" dans la course. La croissance des réseaux bancaires des pays émergents provient d'abord des banques locales, qui ont l'avantage de la proximité culturelle et d'une connaissance fine des besoins de la clientèle, notamment la plus démunie. Pour se développer dans les pays émergents, les banques étrangères doivent savoir "prendre du temps", en procédant à des acquisitions au bon moment, ou en montant progressivement au capital de banques locales, explique M. Lhonneur. Isma B.