Après une année 2008 ''noire'', avec pratiquement un affaissement des systèmes financiers dans les principaux pays membres du G8, un recul généralisé de la croissance dans les pays OCDE, des licenciements massifs dans les secteurs industriels et un coup d'arrêt aux investissements, des développements positifs ont été constatés au second semestre 2009 au niveau de l'économie mondiale suite aux actions de politique publique quasi concertées à l'échelle mondiale pour soutenir la demande, et préserver le système financier international de l'effondrement. Une sensible décrue de la crise économique mondiale est, en effet, observée depuis l'automne 2009, avec des prévisions qui tablent sur une reprise lente mais progressive en 2010 grâce à des taux de croissance vigoureux en Chine et dans les pays émergents, annonçant le début de la fin des ravages causés par la récession. L'année 2010, selon des experts, ne sera ni plus mauvaise ni moins bonne que 2009, mais avec des taux de croissance importants, notamment en Asie. Selon les analystes de marchés financiers, jusqu'à présent, le remède des plans de soutien a l'air de fonctionner, parce que la plupart des économies renouent avec la croissance. Plus direct, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, estime que la reprise économique globale a "réellement commencé", mais a mis en garde contre la poursuite des risques pour le système financier mondial et la menace du chômage. Le FMI a ainsi relevé sa prévision de croissance mondiale pour 2010 à 3,1% contre 2,5% estimé en juillet. Dans ses "Prévisions économiques mondiales", le FMI note que "l'économie mondiale connaît de nouveau l'expansion, et les conditions financières se sont nettement améliorées". La Chine restera leader de la croissance en 2010 Pour autant, il prévoit que cette reprise ''sera lente, parce que les systèmes financiers restent endommagés, que le soutien du secteur public devra progressivement être retiré, et que les ménages dans les économies qui ont subi un effondrement du prix des actifs continueront à reconstituer leur épargne". Signe de cette reprise de confiance, la monnaie unique européenne avait atteint fin novembre 2009 un plus haut en 15 mois à 1,5144 dollar, alors que l'or, l'autre grande valeur refuge, bondissait à plus de 1.226,56 dollars l'once (31,33 g). L'or noir a également profité de cette embellie financière en reprenant le terrain perdu à partir de septembre 2008 pour regagner les rivages des 80 dollars le baril dès le second semestre 2009. Les économies en développement devraient ainsi connaître une croissance beaucoup plus forte (5,1%) que les pays développés (1,3%). Celle de l'Asie en développement (7,3%) contrasterait avec celle des Etats-Unis (1,5%), du Japon (1,7%) et surtout de la zone euro (0,3%). Parmi les grandes économies, la Chine (9,0%) resterait leader du monde de la croissance, devant l'Inde (6,4%). En queue de peloton, figurent seulement des pays de la zone euro, dont l'Italie (0,2%) ou l'Allemagne (0,3%). Autre signe qui ne trompe pas: la demande mondiale de brut est en hausse, et devrait rebondir en 2010, selon les prévisions de l'Opep. "Après deux années de forte baisse, la demande mondiale de pétrole doit renouer avec la croissance en 2010, avec une hausse de 0,8 million de barils par jour (mbj)" à 85,1 mbj, soit une hausse de 1%, relève le dernier rapport mensuel de l'organisation. Dans son précédent rapport publié en novembre, l'Opep avait prévu une hausse limitée à 0,9% en 2010. Mais, cette croissance sera entièrement tirée par les pays en développement, Chine et Inde en tête, la demande devant continuer à décroître dans les pays riches malgré la sortie de récession, souligne l'OPEP. L'Algérie maintient le cap Concernant l'Algérie, le FMI prévoit un taux de croissance positif sur les années 2009 et 2010, avec un taux de croissance autour des 2% en 2009 alors que le PIB hors hydrocarbures devrait terminer l'année en cours à 9%. Pour 2010, la croissance du PIB de l'Algérie devrait s'établir entre 4% et 5%, selon les prévisions du Fonds. Pour l'Afrique en général, l'institution de Bretton Woods prévoit un taux de croissance de +1,7% en 2009 et de +4% en 2010. En plus des mécanismes traditionnels de protection de l'économie nationale de la contagion de cette crise économique qui avait eu un effet boule de neige dans les pays industrialisés et beaucoup de pays émergents, l'Algérie a été parmi les rares pays à avoir réussi à juguler les effets pervers de cette tourmente économique mondiale. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait rassuré à plusieurs reprises que l'Algérie, de par ses ''garde-fous'' financiers et monétaires, était en quelque sorte immunisée contre les effets de l'éclatement de la bulle financière mondiale. Un avis partagé, d'ailleurs, par le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait soutenu, de son côté, que la loi de finances complémentaire de 2009 prévoyait des mesures de gestion de situations exceptionnelles comme l'impact de la crise économique mondiale. Et c'est ce qu'est venu confirmer, après, le dernier rapport du FMI sur l'Algérie dans lequel il a réitéré que l'économie algérienne a été caractérisée, durant ces dernières années, malgré un contexte international difficile, par ''la bonne tenue de la croissance hors hydrocarbures, la maîtrise du taux d'inflation et la réduction du chômage''. Grâce à des ''politiques financières prudentes menées par l'Algérie, des réserves extérieures et une épargne budgétaire confortable ont été constituées et l'endettement extérieur a été maintenu à un niveau très faible'', notait le Fonds. En dépit de la baisse des recettes pétrolières, l'Etat entend non seulement maintenir ses grands efforts en matière de politique sociale et de lutte contre le chômage mais aussi de réunir les conditions d'une croissance plus forte et d'une plus grande création locale de richesses. Ainsi, la loi de finances et du budget pour 2010, à travers laquelle sera entamé le financement du prochain plan quinquennal 2010-2014 d'un coût de 150 milliards de dollars, prévoit des dépenses de 5.860 milliards DA caractérisées par une nette hausse des dépenses d'équipement et d'investissement. Adnane Cherih