On dit que c'est la bourgeoisie qui a mis en place en Europe les conditions de lancement du processus d'industrialisation, et c'était les financiers qui avaient été leurs partenaires. L'Europe avait eu de la chance après la Seconde Guerre mondiale d'avoir commencé leur union sur la base de l'économie, l'acier et le charbon, au lieu de commencer par la communauté européenne de défense. L'Europe avait eu de la chance d'avoir entamé sa reconstruction sous le bouclier protecteur militaire américain. Les pays dits en développement et qui effectuent leur marche chacun en solitaire n'ont pas eu cette chance et n'ont pas eu leur plan Marchal. Pas plus après la fin de la Seconde Guerre mondiale qu'après la décolonisation. Erreurs sur le choix de la trajectoire ? Les pays en éternel développement , pour la plupart d'entre eux, ont préféré axer leurs efforts sur la revendication de l'ouverture des marchés des pays du Nord à leurs produits et pas du tout, ou pas assez des compensations à obtenir devant les demandes (ou plutôt les instructions) qui leur sont adressées d'abaisser ou même d'annuler les barrières douanières à la pénétration de leur économie. Ces pays ont été pillés sous la colonisation et continueront à être pillés sous la mondialisation. Le résultat est bien le même. Prétendant pouvoir accéder à la conquête des marchés extérieurs, une conquête vraiment impossible, ils ont omis d'investir dans la conquête des marchés intérieurs. Ces pays riches ont également investi dans la corruption des fonctionnaires des pays en développement en acceptant, pendant longtemps, de mettre fiscalement l'argent de la corruption dans la catégorie des investissements de recherche et de conquête de marchés extérieurs pour augmenter leurs exportations et maintenir ou élever le niveau des emplois. Le comble pour les pays en développement est maximal, lorsque ce sont eux-mêmes qui ont défoncé leurs propres lignes de défense alors que les grandes puissances sont enclines au protectionnisme, quand elles perçoivent que leurs propres intérêts en dépendent. Les firmes internationales bénéficient en plus d'autres facteurs les avantageant. Parmi ceux-ci, la délocalisation des entreprises à la recherche des moindres coûts, ce qui est une sorte de dumping qui met en hors jeu les produits provenant des pays du Sud. D'autres avantages leur sont fournis par les subventions à leur agriculture et même à l'acier quand les Etats Unis avaient estimé devoir protéger leurs intérêts. Or, sans protection contre des importations de produits agricoles subventionnés et face à l'impossibilité de placer les leurs, les agricultures des pays en développement se meurent fatalement, alors qu'elles peuvent constituer des richesses renouvelables. Il y a cependant l'effet boomerang pour les pays riches. A trop affaiblir les économies des pays en développement, ils ruinent les capacités des pays en développement à être de bons clients. La baisse de la consommation dans les pays du Sud se répercutera sur le niveau de relance de l'économie des pays riches, ce qui aggravera davantage l'emploi dans les pays du Nord et les insécurités dans les pays du Sud.