Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, effectuera une visite à Alger en février prochain. Elle sera la deuxième en trois ans. Invité, hier, de l'émission "Tahaoulet" de la Chaîne I de la Radio nationale, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué que plusieurs questions seront abordées lors de cette visite. "Il faut faire la part des choses. Nos relations avec la France sont d'abord humaines et économiques. Notre but est de renforcer la présence de l'investissement français en Algérie en dehors des hydrocarbures. Nous voulons aussi une amélioration des conditions de vie de nos ressortissants en France", a précisé le chef de la diplomatie algérienne. Dans ce sens M. Medelci précisera que les négociations sur la révision de l'accord franco-algérien de 1968 relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles, se poursuivent depuis sept mois. Et d'ajouter que la révision de cet accord a pour objectif de faire bénéficier la communauté algérienne établie en France des dispositions françaises. "Nous attendons les conclusions du groupe de travail pour les prochaines semaines, lesquelles seront soumises aux deux gouvernements", a-t-il indiqué . Il sera également question de la restitution des archives détenues par la France. Le ministre évoquera également la possibilité d'une visite du président Abdelaziz Bouteflika à Paris en 2010. Même si aucune date n'a été fixée, le ministre a indiqué que le sommet entre les chefs d'Etat des deux pays n'aura lieu qu'une fois tous les dossiers liés aux relations bilatérales ficelés. Mourad Medelci a cité l'exemple du groupe de travail mixte qui planche sur la question de délimitation des zones contaminées par les essais atomiques français des années 1960, et qui a été créé après la visite du président Nicolas Sarkozy en Algérie en décembre 2007. "Ce groupe, qui active depuis plus de six mois, a pris beaucoup de retard. Nous attendons ses conclusions car les effets nocifs des essais nucléaires sont toujours présents dans le sud du pays. Nous voulons connaître avec exactitude l'étendue du danger afin de prendre toutes les dispositions nécessaires dans un cadre bilatéral", a précisé le chef de la diplomatie algérienne. Selon lui, la France devrait faire un effort plus soutenu pour débarrasser les relations entre les deux pays du poids du passé. Cela dit, l'Algérie est, d'après Mourad Medelci, satisfaite de l'évolution de la coopération dans les domaines de l'énergie, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. M. Medelci révèlera, par ailleurs, que l'ambassadeur de France à Alger a été convoqué le 5 janvier avant celui des Etats-Unis pour protester contre les dernières mesures prises en France pour inclure l'Algérie dans la liste des pays présentant un risque terroriste. Le ministre algérien a également adressé une lettre à son homologue français sur cette question. "J'ai écrit une lettre officielle à mon homologue français Bernard Kouchner pour protester et pour souligner que la décision de classer l'Algérie parmi les pays à risque est une humiliation", a déclaré Mourad Medelci. Selon lui, l'Algérie refuse globalement les décisions américaine et française de la classer parmi les pays à risque en raison de "la menace terroriste". M. Medelci a confirmé, en outre, la visite à Alger de plusieurs hauts responsables américains dans les prochaines semaines pour, entre autres, évoquer la décision américaine de réserver un traitement spécial aux voyageurs dans les aéroports américaines. Il s'agit notamment du secrétaire américain à la Justice. "Il faut poursuivre le dialogue avec les Etats-Unis pour trouver les solutions aux problèmes".