C'est un revirement de situation pour les employés grévistes du site d'ArcelorMittal. A l'issue de la réunion du conseil d'administration de l'entreprise, qui a tenue, hier, une session extraordinaire à la demande du groupe Sider, actionnaire à hauteur de 30% d'ArcelorMittal d'El Hadjar, celui-ci a décidé de rétablir la cokerie responsable en grande partie de ce débrayage. Celle-ci pénalisait, à elle seule plus de 320 employés. Le conseil de l'administration a également décidé avec le gouvernement algérien un plan de développement et d'investissement sur quatre ans du complexe sidérurgique, destiné à moderniser toutes les unités du complexe, y compris la cokerie, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars, selon des experts nommés après la mise à l'arrêt de cette unité en octobre dernier. La direction avait alors estimé que des expertises sur l'état de la cokerie, vieille de 30 ans, étaient nécessaires, puis a envisagé sa fermeture définitive en raison du coût de rénovation. Arcelor-Mittal avait annoncé auparavant un plan d'investissement pour 2010-2014 d'un montant de 200 millions de dollars, n'incluant pas la cokerie, un projet contesté par le syndicat. Il faut dire que la chambre sociale à charge de traiter ce dossier, s'est contentée durant les deux audiences de lundi et mardi de constituer la base d'un dossier qualifié de brûlant dans son aspect social, du fait que 7200 travailleurs paralysent le complexe d'El Hadjar pour des revendications qu'ils estiment légitimes et de l'autre côté, la direction générale qui affirme que ses intérêts sont spoliés par une grève qualifiée d'illégale et qui devient très coûteuse pour l'entreprise. La juge chargée de cette affaire semble opter pour la prudence pour éviter la moindre erreur. Aussi la séance de mardi a permis au syndicat de remettre à la juge les argumentations justifiant la grève. Selon Smaïn Kouadria, le syndicat est dans une position très aisée, car il dispose de tous les justificatifs prouvant la légalité du mouvement enclenché mardi 10 janvier et qui entame sa deuxième semaine. Toutefois, et malgré son action en justice visant "à faire reconnaître l'illégalité" de la grève dans cette filiale du complexe sidérurgique, la direction d'ArcelorMittal affirme "rester ouverte à la discussion". Une attitude que contestent les employés. Depuis mardi dernier, 7200 travailleurs, à l'appel de leur syndicat d'entreprise, affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont, en effet, décidé de protester contre la fermeture de la cokerie qui emploie 320 salariés. Ils souhaitent que le plan global de la direction, d'un montant de 200 millions de dollars pour la période 2010-2014, inclut la rénovation de ce site estimé à 40 millions de dollars. Une perte d'argent, selon les dirigeants d'ArcelorMittal. "Le plan est axé sur le cœur de notre métier, la cokerie n'est pas indispensable au fonctionnement de l'usine", avait précisé la direction dans un communiqué, la veille de la grève. De son côté, le P-DG du groupe public algérien Sider a décidé, mardi, de participer pour 30% au plan d'investissement du complexe afin que les dirigeants puissent rénover la cokerie. Objectif de cette décision, préserver les emplois des centaines de salariés dans un pays fortement touché par le chômage. Les grévistes, eux, ne désarment pas et maintiennent le mot d'ordre de grève. Ils étaient, d'ailleurs, plusieurs à s'être rendus, lundi, devant au tribunal d'El Hadjar pour faire entendre leurs voix. "Nous faisons confiance à la justice et nous espérons que cette dernière nous donne raison, car nos revendications consistent à amener les intervenants de tout bord à préserver l'outil de production et par-delà les emplois des 7200 travailleurs", a assuré, Smaïn Kouadria, le secrétaire général du syndicat d'entreprise. Adnane Cherih