Une semaine après l'annonce d'une taxe sur les banques, le président Barack Obama a proposé jeudi de nouvelles mesures de régulation du secteur financier américain. Le chef de la Maison Blanche a souhaité que le gouvernement puisse limiter la taille et la complexité des plus grosses institutions, ainsi que leurs capacités à s'engager dans des investissements à risque. "Il faut que ça soit fait", a déclaré le président américain lors d'une allocution à la Maison Blanche, évoquant directement les banquiers de Wall Street. "Si ces gens veulent la bagarre, c'est une bagarre que je suis prêt à mener". Barack Obama a redit jeudi sa volonté d'empêcher le retour des méthodes à risque qui ont conduit à la crise financière de l'automne 2008. "Il faut mettre en oeuvre des réformes de bon sens qui protégeront les contribuables américains, et l'économie américaine, de futures crises", a-t-il souligné. "Car, si le système financier est beaucoup plus solide aujourd'hui qu'il y a un an, il fonctionne toujours en vertu des règles mêmes qui ont presque conduit à son effondrement". Le chef de la Maison Blanche veut donc offrir au gouvernement la possibilité de limiter la taille et la complexité des principales institutions financières, afin d'éviter que le possible effondrement de l'une d'elles menace la survie du système dans son ensemble. Comme ce fut le cas pour l'assureur AIG pendant la dernière crise financière. Deuxième restriction souhaitée par Barack Obama: réduire la possibilité pour les banques de détail de réaliser des opérations sur leurs fonds propres, afin de limiter les spéculations à hauts risques menaçant l'existence même de ces établissements en cas de crise. Cette mesure réinstallerait la séparation entre les banques commerciales et celles d'investissement. Une ligne de démarcation largement gommée par l'abrogation il y a une dizaine d'années du Glass-Steagall Act, voté pendant la dépression des années 1930. Plusieurs grandes banques américaines seraient concernées si cette restriction était adoptée, parmi lesquelles Goldman Sachs, Bank of America, Citigroup et JP Morgan Chase. Les actions des trois dernières ont perdu plus de 4% chacune jeudi, contribuant à la chute de 2% de l'indice Dow Jones à la clôture à la bourse de New York. La réforme du système de régulation financière est l'un des gros dossiers de l'agenda parlementaire de Barack Obama, qui s'annonce toujours plus délicat après la défaite démocrate dans la sénatoriale partielle du Massachusetts. Les républicains, tout comme les banques, ont déjà fait connaître leur opposition à l'idée de taxe sur les bonus défendue par la Maison Blanche. Ni les nouvelles mesures annoncées jeudi, qui doivent également être approuvées par le Congrès, ni le ton assez virulent de Barack Obama ne sont de nature à garantir de bonnes relations entre la Maison Blanche et les banques de Wall Street, dont la faculté à prêter est pourtant primordiale pour la reprise. Elles mettent également en porte-à-faux le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, qui s'évertue à travailler étroitement et en bonne entente avec les banques depuis sa nomination pour réformer la régulation financière. Ce sont également les banquiers qui avaient aidé Geithner à obtenir son poste précédent, président de la Réserve fédérale de New York. De plus, si les représentants des banques sont souvent consultés par le gouvernement avant l'annonce de mesures concernant le système financier, la Maison Blanche ne les a pas informés des nouvelles propositions de Barack Obama. Une attitude qui a provoqué la colère, en coulisses, des dirigeants bancaires après l'allocution du président jeudi. Enfin, le secteur financier voit dans les mesures de régulation voulues par Obama une politique punitive qui, selon eux, n'aurait pas empêché les principaux dépôts de bilan dus à la crise. AIG est ainsi un conglomérat d'assureurs qui ne prenait pas de dépôts de particuliers, soulignent-ils. Quant aux banques Washington Mutual et Wachovia, elles se sont effondrées en raison de prêts risqués, pas à cause de la spéculation.