Le chef du parti conservateur britannique David Cameron a dévoilé samedi un projet de taxation des banques inspiré du plan présenté en janvier par le président américain Barack Obama, à quelques semaines d'élections législatives qui pourraient l'amener au pouvoir. "Nous avons eu le plus grand plan de sauvetage au monde. Nous ne pouvons pas juste continuer comme si rien ne s'était passé", a déclaré M. Cameron pendant une réunion publique à Putney, au sud-ouest de Londres. "En Amérique, le président Obama a dit qu'il rendrait aux contribuables chaque centime payé. Pourquoi cela devrait-il être différent ici ?", s'est indigné le leader tory, qui, selon les sondages, est bien placé pour succéder au travailliste Gordon Brown à Downing Street, au terme d'élections qui devraient avoir lieu le 6 mai. "Aussi, je peux annoncer aujourd'hui qu'un gouvernement conservateur introduira une nouvelle taxe sur les banques pour rembourser les contribuables de l'aide qu'ils ont apportée et pour les protéger à l'avenir", a-t-il dit. "Non, ce ne sera pas populaire partout dans la City. Mais je pense que c'est juste et nécessaire", a poursuivi M. Cameron. M. Obama a annoncé le 14 janvier un projet de taxation d'une cinquantaine de grandes banques devant permettre à l'Etat de récupérer jusqu'à 117 milliards de dollars, somme qui correspond au montant maximal des pertes envisagées par le Trésor sur le plan de sauvetage du système financier. Le secrétaire d'Etat britannique chargé du secteur financier Paul Myners a critiqué l'annonce "mal pensée" des conservateurs. "Ce genre de taxe sur les banquiers doit être internationale", a-t-il réagi. "La taxe sur les banques britanniques des Tories est une façon sûre d'encourager les banques à quitter le Royaume-Uni, ce qui augmentera les coûts pour les emprunteurs, endommagera la compétitivité du Royaume-Uni et coûtera des dizaines de milliers d'emplois dans le pays", ajouté M. Myners. "Nous avons un plan pour récupérer notre argent et nous le ferons : en vendant les banques que nous détenons au bon moment et au bon prix", a-t-il argumenté. Les conservateurs ont nié mettre en péril la compétitivité du Royaume-Uni et assuré que l'importance de la taxe dépendrait du degré de soutien international à ce plan. "Nous n'imposerions pas une taxe énorme unilatéralement", a indiqué une source anonyme au sein du parti. Le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est plusieurs fois dit favorable à un projet de taxe sur les transactions financières au niveau mondial. Selon le Financial Times, le ministre britannique des Finances Alistair Darling devrait réaffirmer le soutien du gouvernement à ce genre de mesure en présentant mercredi le budget 2010/2011, tout en insistant sur le fait qu'elle ne peut être prise que de manière coordonnée à l'échelle de la planète. Notons que de son côté, l'association des banques britanniques, la BBA, a affirmé jeudi que celles-ci étaient déterminées à rembourser intégralement les aides publiques reçues pendant la crise financière, mais ont réclamé parallèlement que le "fardeau" de la régulation ne soit pas alourdi. La directrice de la British Bankers Association, Angela Knight, a affirmé dans un courrier adressé au secrétaire d'Etat en charge de la régulation financière, Lord Myners, que les banques étaient déterminées "à rembourser totalement les contribuables pour leur soutien durant la crise financière", en plus des 14 milliards de livres de commissions qu'elles devraient verser en tout à l'Etat, dans le cadre de ses plans de sauvetage.