Conscients de l'importance du secteur agricole, les pays de l'Afrique de l'Ouest se sont engagés depuis 2003 dans des processus visant à élaborer de nouveaux mécanismes et instruments pour la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (Pddaa). Un programme qui vise la croissance et la productivité agricole en Afrique afin de réduire la pauvreté et la faim. Et qui a d'ailleurs amené les chefs d'Etat à s'engager pour allouer 10% de leurs ressources budgétaires à l'Agriculture à partir de 2010. Aussi, à travers l'élaboration d'une politique agricole régionale de l'Afrique de l'Ouest, la Cedeao met-elle en œuvre plusieurs actions dont celle du Programme national d'investissement au niveau national (Pnia). En marge donc du Pnia qui vise à aider chaque pays membre de la Cedeao à élaborer son propre programme d'investissement agricole, le ministère de l'Agriculture a organisé un atelier. Il s'est tenu le 26 janvier à la Caisse de stabilisation au Plateau, sur le thème " Validation du document de diagnostic des performances du secteur agricole et de revue des programmes ". A travers cet atelier, il s'est agi de valider le document de synthèse du diagnostic des performances du secteur agricole et la revue des programmes. De façon succincte, c'est un partage de la synthèse avec l'ensemble des participants sur les analyses des performances du secteur agricole de 1990 à 2008, des politiques et stratégies récentes, des efforts investissements et des mécanismes de financement. Car le secteur agricole " reste un gros pourvoyeur d'emplois directs avec 46% de la population ", a déclaré un agroéconomiste, lors de la présentation dudit document de synthèse. Les experts expliquent la nécessité de moderniser l'agriculture, " un secteur prioritaire de l'économie du pays et de la sous région ". L'atelier intervient comme l'étape nécessaire au démarrage des travaux d'identification des sources de croissance qui permettront d'identifier un plan d'investissements à moyen terme 2010-2014. Il faut dire que les rendements agricoles en Afrique stagnent depuis des dizaines d'années. L'accroissement constant de l'ensemble de la production agricole, parfois par la simple culture de terres supplémentaires, compense à peine la croissance démographique de l'Afrique. Le retard de la production alimentaire a entraîné une augmentation du nombre de sous-alimentés chroniques, qui est passé de 173 millions de personnes en 1990-1992 à 200 millions en 1997-1999, selon les dernières statistiques disponibles. Sur ce total, 194 millions de personnes vivent en Afrique subsaharienne. Cette progression de la faim intervient malgré l'importance des importations alimentaires, qui ont coûté 18,7 milliards de dollars en 2000 seulement. En outre, les politiques agricoles des gouvernements africains se sont révélées insuffisantes, n'offrant que de faibles incitations économiques aux producteurs agricoles. Les mesures de privatisation et autres politiques d'ajustement structurel ont amené les Etats à se retirer "trop précipitamment" de la production directe. Faute d'un secteur privé viable, ce désengagement a provoqué une "profonde désorganisation de la production, du commerce des produits agricoles et des services d'appui à l'agriculture". Le secteur agricole souffre également du manque de capitaux. Nombre de gouvernements consacrent moins de 1 % de leurs budgets à l'agriculture. Non seulement le volume global de l'aide consentie par les donateurs diminue, mais ceux-ci privilégient d'autres secteurs. C'est ainsi qu'à l'échelle mondiale, le montant de l'aide allouée aux activités agricoles est passé de 11 milliards de dollars en 1990 à 7,4 milliards en 1998. La diminution a été particulièrement sensible dans le cas de la Banque mondiale, qui consacrait 39 % de l'ensemble de ses prêts au secteur agricole en 1987, contre 7 % seulement en 2000. Tout en mettant l'accent sur la nécessité de mieux gérer les ressources financières disponibles, le Programme intégré pour l'Afrique affirme que seule une augmentation sensible des investissements agricoles permettra à l'Afrique de sortir de la crise agricole actuelle.