La priorité a été donnée à l'emploi dans le plan d'action pour lutter contre la pauvreté en Afrique adopté jeudi par les vingt chefs d'Etat de l'Union africaine (UA), réunis pour un sommet extraordinaire à Ouagadougou. Les Africains veulent instaurer une politique de l'emploi commune à même d'endiguer le chômage et stopper, par ricochet, l'avancée de la pauvreté dans le continent. Ils comptent, par les mesures prises à l'issue de ce sommet, faire augmenter le taux de la population active en Afrique qui ne dépasse pas les 25%. Selon les experts du Bureau international du travail (BIT), qui ont pris par à cette réunion au même titre que des directeurs généraux du Fonds monétaire international (FMI), les autres ne sont pas forcément au chômage mais travaillent dans le marché parallèle et l'agriculture souvent informelle. La population africaine, dont 320 des 820 millions, subsiste avec moins d'un dollar par jour, selon l'ONU, se trouve ainsi privée de revenus réguliers. Les hauts responsables africains considèrent toutefois que la promotion de l'emploi passe par le développement des secteurs privé et rural ainsi que l'égalité des sexes. Les gouvernements de ces pays sont appelés, de ce fait dans le communiqué qui a été rendu publique à l'issue de cette réunion, à réaliser des réformes qui vont dans le sens de la réorientation des investissements du secteur public vers le privé et de la restructuration de l'industrie et de l'agriculture. L'importance accordée à l'agriculture vient du fait que ce secteur est le premier générateur d'emplois dans le continent africain avec 70% des débouchés. Conscient de cet état de fait, les participants au sommet de Ouagadougou ont indiqué que chaque Etat membre de l'UA devra désormais consacrer 10% de son budget à la mise en œuvre de « programmes détaillés de développement agricole » et « favoriser (..) le commerce intra-africain » des produits agricoles, et ce conformément au plan adopté. Le renforcement des plans de protection sociale et leur extension aux travailleurs et à leurs familles sont également préconisés par les chefs d'Etats de l'UA qui estiment qu'une telle démarche assurera un emploi « décent » aux Africains. L'égalité des sexes au travail et à la prise de décisions ne se concrétisera qu'à la faveur d'« un renforcement du niveau de représentation » des femmes dans les structures socio-économiques et politiques des Etats africains, souligne à ce sujet le plan. Chefs d'Etats et ministres n'ont pas manqué de mettre sur le dos du processus actuel de mondialisation, la marginalisation de l'Afrique en « exacerbant » la pauvreté, le chômage et l'endettement du continent. Le sommet a invité les partenaires de l'Afrique à « honorer d'urgence leurs engagements de porter l'aide publique au développement à 0,7% de leur PNB ». Sur les 55 pays les plus pauvres du monde, 33 se situent en Afrique sub-saharienne en proie à la « malnutrition, la pauvreté, l'illettrisme et à une situation sanitaire désastreuse », selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).