De nouveaux investissements dans le secteur pétrolier risquent d'être inutiles. Selon le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Abdlallah el-Badri, il y trop d'incertitudes qui planent toujours sur la demande pétrolière, même si celle-ci a recommencé à croître. De ce fait investir dans le pétrole en ce moment risquerait d'être inutile. S'exprimant lors d'une conférence à Londres, M. el-Badri a noté que "la reprise de la demande était en route" après deux ans de déclin, mais qu'il restait de "fortes incertitudes", avec "un fort risque de gaspiller des investissements dans des capacités inutiles". Le responsable a noté que pour l'Opep, le champ des possibilités était vaste, avec une estimation basse de la demande à 29 millions de barils par jour, et une estimation haute à 37 millions. M. el-Badri a noté "trois grandes difficultés" pour les producteurs, "une extrême volatilité des prix, des coûts d'investissement en augmentation, et un manque de personnel qualifié". "De nombreux ouvriers qualifiés se retirent du secteur", a-t-il déploré. Le secrétaire général de l'Opep a noté par ailleurs que les nouvelles capacités de production de l'Irak n'étaient pas comptées pour l'instant dans celles de l'Opep. L'Irak compte produire à terme 12 millions de barils par jour. Il faudra "quelque temps" pour y parvenir, a observé M. el-Badri. "Nous prendrons l'Irak en compte, mais la discussion de ce problème n'interviendra pas avant quatre à cinq ans", a-t-il conclu. Pour sa part, Francis Perrin, rédacteur en chef du magazine Pétrole et gaz arabes a évoqué dans une tribune publiée par Alternatives économiques certains doutes sur la reprises de la demande. Il a dans ce sens considéré que les prix du pétrole risquent de suivre deux tendances en 2010. Le premier scénarion déboucherait selon M. Perrin, au minimum, sur le maintien des cours dans une fourchette de 70-80 dollars le baril et, probablement, leur progression au cours de l'année jusque vers 90 dollars, voire un peu plus. Il explique cette tendance par l'idée directrice selon laquelle la reprise économique ne peut que soutenir le niveau actuel des prix. De plus, l'année qui vient de débuter devrait voir le retour de la croissance pour la demande pétrolière mondiale après deux années consécutives de baisse. Aussi, les acteurs financiers continueraient à miser sur le pétrole au regard des bonnes perspectives de celui-ci et parce qu'ils redoutent une accélération de l'inflation. L'or noir leur semble un actif intéressant pour se prémunir contre cette éventualité. Nénamoins, M. Perrin conçoit un autre scénario, selon lequel, beaucoup de doutes subsistent sur l'ampleur et la durabilité de la reprise dans les pays de l'OCDE; la crise financière mondiale est loin d'être réglée et a laissé pas mal de squelettes dans les placards de diverses institutions financières; les capacités inutilisées de production de brut dans les pays de l'Opep sont probablement supérieures à 5 Mb/j, ce qui est considérable; dans les pays occidentaux, les stocks de pétrole et de produits raffinés sont à des niveaux historiquement élevés; l'Opep a relâché sa discipline au fur et à mesure que les cours remontaient en 2009 et ne respectait plus, en décembre 2009, qu'à 60% environ ses engagements de réduction de sa production; et, last but not least, sur la base des éléments ci-dessus, les acteurs financiers pourraient être confrontés à de grosses difficultés. Ce scénario se traduirait par des prix de l'ordre de 50 à 60 dollars le baril en 2010. M. Perrin conclut d'ailleurs que la probabilité de réalisation de ces deux scénarios est assez égale, en tout cas sur la base des éléments disponibles au tout début 2010. Deux choses sont quoi qu'il arrive quasiment certaines: la volatilité des prix à court terme restera élevée et les marchés pétroliers devraient encore nous surprendre cette année.