Le président palestinien Mahmoud Abbas a promu dimanche son proche collaborateur Mohamed Dahlan, membre du Fatah et vieil adversaire du Hamas, au poste de conseiller à la sécurité nationale. Le décret pris par Abbas au lendemain de l'investiture du gouvernement d'union nationale formé par le Hamas, le Fatah et des personnalités palestiniennes indépendantes charge Dahlan de superviser les forces de sécurité. Selon Nabil Abou Rdaïnah, principal conseiller d'Abbas, le texte rétablit un Conseil de sécurité nationale palestinien omnipotent coiffant, en théorie, tous les services de sécurité. Ceux-ci sont écartelés depuis plus d'un un an entre leur fidélité traditionnelle au Fatah et leur loyauté envers le gouvernement sortant dominé par le Hamas. Dahlan a déclaré qu'il ferait fonction de conseiller en chef et de secrétaire de la nouvelle instance et qu'il assisterait en même temps le ministre de l'Intérieur du gouvernement d'unité, Hani al Kaouasmi. Universitaire indépendant et novice en politique, ce dernier est le choix de compromis du Fatah et du Hamas pour un portefeuille stratégique qu'ils se sont disputé des semaines durant. Le gouvernement d'union, dont le chef, Ismaïl Haniyeh, est issu du Hamas, est censé mettre fin aux affrontements entre les deux mouvements rivaux qui ont fait plus de 300 morts durant l'année écoulée. Une des questions les plus épineuses que Dahlan aura à régler est le sort de la "Force exécutive" créée l'an dernier par le Hamas pour faire pièce aux services de sécurité traditionnellement dominés par le Fatah. Le Hamas a annoncé son intention de doubler ses effectifs pour les porter à 12.000, tandis que le Fatah réclame sa dissolution pure et simple. Selon un responsable de la sécurité palestinienne qui veut rester anonyme, Dahlan envisagerait une intégration globale des forces de sécurité impliquant éventuellement le renoncement de leurs membres à toute affiliation politique. En tant que chef de la Sécurité préventive à Gaza sous Yasser Arafat, dans les années 1990, Dahlan s'est illustré par la répression des islamistes du Hamas. Il est soupçonné en outre par le Hamas d'avoir récemment tenté d'assassiner Haniyeh et d'avoir téléguidés les activistes du Fatah durant les récents affrontements armés à Gaza. "Nous sommes prêts a oublier le passé, mais nous allons observer l'avenir et tout le monde va devoir passer le test", a déclaré Faouzi Barhoum, porte-parole du Hamas, à propos de la nomination de Dahlan. Selon Barhoum, le conseil de sécurité devra "superviser le fonctionnement des services de sécurité pour s'assurer qu'ils sont neutres et au service de l'intérêt national, et non pas d'un intérêt politique partisan". Zakaria al Kak, expert en questions de sécurité à l'université Al Qods, prédit une période d'observation intense et attentive entre le Fatah et le Hamas. Le mouvement islamiste se méfie comme de la peste de Dahlan, un homme tenu en haute estime par Israël, où il a fait de la prison, et par les Etats-Unis. Ceux-ci ont décédé d'accorder une aide de 86 millions de dollars aux forces de sécurité fidèles à Abbas, mais le Congrès l'a gelée en raison de l'absence de visibilité immédiate de l'accord de gouvernement entre le Hamas et le Fatah.