L'organisation affiliée à l'Onu, chargée de la protection des espèces en danger, a indiqué qu'elle soutenait la proposition d'interdire le commerce international du thon rouge, menacé de disparition, qui doit être étudiée lors de son Assemblée au Qatar en mars. "Nous recommandons que les parties approuvent la proposition faite par Monaco",c'est ce qu'a expliqué le responsable de l'unité scientifique de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) David Morgan, lors d'une conférence de presse à Genève. La principauté a réclamé cet automne l'inscription du thon rouge à l'annexe 1 de la Cites, qui en proscrit de facto le commerce international. Cette décision pourrait être prise dès la réunion des 175 Etats membres de l'organisation qui se déroule du 13 au 25 mars à Doha. En attendant, les tractations vont bon train. La France s'est ralliée mercredi dernier à cette proposition, une décision qui pourrait faire basculer la position de l'Union européenne sur cette question sensible pour le secteur de la pêche. Le Japon, où le thon rouge est très prisé pour la confection de sushi, est toujours vivement opposé à une telle mesure, a souligné la Cites. A ce jour, 80% des prises mondiales sont achetées par le pays, qui a d'ores et déjà entamé une campagne internationale de lobbying pour la contrer. Le thon rouge ne bénéficie actuellement d'aucune protection de la Cites, la seule organisation mondiale ayant autorité pour limiter ou interdire le commerce international d'espèces animales ou végétales menacées. L'Assemblée de la Cites devrait être également l'occasion d'évoquer les propositions américaine et européenne de limiter le commerce de certaines espèces de requins, également en danger, a précisé la Cites. Plus de 40 propositions seront ainsi soumises aux membres de l'organisation. Cepandant, la problématique demeure complexe. En effet, devant les enjeux économiques, il est peu probable de trouver un accord commun sur le thon. Sans interdire la pêche, cela réduit fortement la possibilité de commercialiser cette espèce. Mais avant d'arriver à une telle décision, il faudra convaincre les autres pays d'Europe. Italie, Espagne, Chypre, Malte et Grèce sont en effet résolument opposés à toute forme de limitation. En tout cas , la position de la France est des plus confuses. "Si nous interdisons la commercialisation du thon rouge, c'est-à-dire pour être très concret, si nous inscrivons le thon rouge en annexe 2 de la Cites, nous interdisons 90% des exportations de l'Union européenne vers l'extérieur, donc je crois que ce sera déjà un progrès important", a fait valoir récemment le ministre français de la Pêche. Les pêcheurs méditerranéens ont d'ores et déjà annoncé la couleur, ils sont contre une telle décision qui, selon leurs propos mettra en péril leur métier. A vrai dire , le gouvernement français pas seulement mais aussi ceux de nombreux pays mediterranéens sont pris entre le marteau des écologistes et l'enclume des pêcheurs.