De l'avis tant de la société civile que des pouvoirs publics, la problématique de la pollution et ses effets sur la santé publique et sur l'environnement se posent toujours avec acuité à Ghazaouet, dans la wilaya de Tlemcen. Aussi bien les élus locaux que les représentants de la société civile ou encore le corps médical pointent un doigt accusateur sur l'usine de zinc dont les émanations toxiques seraient ainsi responsables de cette situation, en dépit des efforts entamés par l'entreprise concernée, Alzinc, pour la réduction des nuisances et la dépollution. La société civile de Ghazaouet considère cette usine, située en bord de mer et en plein cœur de la ville, comme "première source de pollution et de dégradation de la nature" nonobstant les différentes pathologies notamment respiratoires et dermatologiques constatées chez beaucoup de citoyens. Même si une relation directe entre les émanations des rejets gazeux de l'usine et ces pathologies n'a pu être démontrée en l'absence d'une étude scientifique menée par un organisme ou une équipe médicale spécialisés les médecins suspectent "les rejets gazeux d'être derrière ces maladies". L'effet le plus frappant réside dans la prédominance de certaines pathologies, respiratoires surtout, a indiqué le Dr Mebarki, praticien privé à Ghazaouet. Selon lui, de nombreux citoyens affluent vers les urgences médico-chirurgicales (UMC) pour des crises d'asthme, et ce, à chaque pic d'émanation des rejets gazeux. Le responsable des UMC de l'hôpital de Ghazaouet, le docteur Ouadah a révélé, pour sa part, qu'en 2009, près de 14 % des consultations ont concerné les affections respiratoires et que le service pédiatrique a enregistré 51 % de cas souffrant d'insuffisances respiratoires. Le président de l'APC de Ghazaouet a insisté pour sa part sur l'impérative nécessité, pour cette usine, de rénover ses équipements et de s'engager à éliminer tous les facteurs de pollution et écarter tout danger sur la santé publique. Des citoyens se sont déclarés importunés par les émanations des rejets gazeux et les poussières de métaux lourds réclamant la "fermeture" pure et simple de l'usine. Ces derniers déplorent la détérioration du milieu environnemental en se rappelant avec nostalgie la magnifique plage regroupant autrefois plus de dix ateliers de salaison, une salle de cinéma et des cafétérias offrant aux visiteurs un endroit féerique de détente et de repos. Le premier responsable de cette usine, créée dans les années 1970, affirme que le volet environnemental constitue l'un des axes stratégiques, qui lui permet de s'adapter aux critères de l'environnement devant contribuer à réduire les rejets liquides, gazeux et les poussières de métaux lourds dégagés par l'usine. Alzinc, unique entreprise en Algérie à produire et à commercialiser le zinc et ses alliages, l'acide sulfurique et le cuivre cathodique, a engagé depuis 1987 à ce jour plus de 1,2 milliard de dinars pour la neutralisation des rejets liquides vers la mer, le renouvellement des tours d'absorption et de séchage, la rénovation de l'atelier de traitement des rejets gazeux et la réhabilitation des ateliers grillage et acides. Un contrat de performance environnemental a été conclu, dans ce sens, avec le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme en 2002, a indiqué le P-DG d'Alzinc, Kadi Djamel. Ceci lui a valu le 2ème prix national de l'environnement attribué en 2008 par le ministère. Cette entreprise, qui satisfait les besoins du marché national en réalisant en 2009 un chiffre d'affaires de 875 millions de dinars et un montant à l'exportation de plus de 47 millions de dollars, nécessite, selon son P-DG, un investissement estimé à 20 millions d'euros pour sa mise à niveau et la rénovation de ses équipements actuellement vétustes et obsolètes, afin d'assurer sa pérennité et le maintien de ses 450 postes d'emploi.