La société civile de Ghazaouet considère l'usine Alzinc, située en bord de mer et en plein cœur de la ville, comme « première source de pollution et de dégradation de la nature ». De l'avis tant de la société civile que des pouvoirs publics, la problématique de la pollution et ses effets sur la santé publique et sur l'environnement se pose toujours avec acuité à Ghazaouet, dans la wilaya de Tlemcen. Aussi bien les élus locaux que les représentants de la société civile ou encore le corps médical pointent un doigt accusateur sur l'usine de zinc dont les émanations toxiques seraient ainsi responsables de cette situation, en dépit des efforts entamés par l'entreprise concernée, Alzinc, pour la réduction des nuisances et la dépollution. La société civile de Ghazaouet considère cette usine, située en bord de mer et en plein cœur de la ville, comme « première source de pollution et de dégradation de la nature », nonobstant les différentes pathologies, notamment respiratoires et dermatologiques, constatées chez beaucoup de citoyens. Détérioration du milieu environnemental Même si une relation directe entre les émanations des rejets gazeux de l'usine et ces pathologies n'a pu être démontrée, en l'absence d'une étude scientifique menée par un organisme ou une équipe médicale spécialisés, les médecins suspectent « les rejets gazeux d'être derrière ces maladies ». Le P/APC de Ghazaouet a insisté pour sa part sur l'impérative nécessité, pour cette usine, de rénover ses équipements et de s'engager à éliminer tous les facteurs de pollution et écarter tout danger sur la santé publique. Des citoyens se sont déclarés importunés par les émanations des rejets gazeux et les poussières de métaux lourds réclamant la « fermeture » pure et simple de l'usine. Ces derniers déplorent la détérioration du milieu environnemental en se rappelant avec nostalgie la magnifique plage regroupant autrefois plus de dix ateliers de salaison, une salle de cinéma et des cafétérias offrant aux visiteurs un endroit féerique de détente et de repos. Le premier responsable de cette usine, créée dans les années 1970, affirme que le volet environnemental constitue l'un des axes stratégiques, qui lui permet de s'adapter aux critères de l'environnement devant contribuer à réduire les rejets liquides, gazeux et les poussières de métaux lourds dégagés par l'usine. Alzinc, unique entreprise en Algérie à produire et à commercialiser le zinc et ses alliages, l'acide sulfurique et le cuivre cathodique, a engagé depuis 1987 à ce jour plus de 1,2 milliard de dinars pour la neutralisation des rejets liquides vers la mer, le renouvellement des tours d'absorption et de séchage, la rénovation de l'atelier de traitement des rejets gazeux et la réhabilitation des ateliers grillage et acides. Un contrat de performance environnemental a été conclu, dans ce sens, avec le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme en 2002, a indiqué le PDG d'Alzinc, Kadi Djamel. Cela lui a valu le 2e prix national de l'environnement attribué en 2008 par le ministère. Cette entreprise, qui satisfait les besoins du marché national en réalisant, en 2009, un chiffre d'affaires de 875 millions de dinars et un montant à l'exportation de plus de 47 millions de dollars, nécessite, selon son PDG, un investissement estimé à 20 millions d'euros pour sa mise à niveau et la rénovation de ses équipements actuellement vétustes et obsolètes, afin d'assurer sa pérennité et le maintien de ses 450 postes d'emploi. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Cherif Rahmani, a indiqué lors d'une récente visite à Tlemcen que « seules deux solutions sont envisagées : la fermeture de l'usine ou la rénovation de tous les équipements polluants ». Interrogé sur cette question, le P/APW de Tlemcen a déclaré à l'APS que les équipements de l'entreprise Alzinc, considérée comme un fleuron de l'industrie nationale, étaient devenus obsolètes et qu'il était impératif de les rénover, mettant, par ailleurs, l'accent sur la nécessité d'effectuer une étude d'expertise, afin de démontrer l'impact des rejets de cette usine sur l'environnement et la santé publique. Il rejoint là l'idée de la direction de l'environnement relative à l'élaboration d'une étude d'impact, scientifique et approfondie, pour attester des effets de cette usine sur l'environnement et la santé des citoyens. Selon une responsable à la direction de l'environnement, les émissions de gaz de l'usine sont actuellement en conformité avec les normes universelles en vigueur dans ce domaine. Nouveaux déchets, nouvelle pollution Les 450 000 tonnes de déchets solides stockés actuellement à l'air libre dans deux décharges au milieu du tissu urbain, notamment sur « le plateau du phare » et à Eddes, constituent une des principales préoccupations des responsables de l'usine, du secteur de l'environnement et, bien sûr, des habitants. Ces déchets solides toxiques, cumulés depuis plus de trois décennies, doivent être pris en charge par le centre d'enfouissement technique de Mezaourou, en cours de réalisation. Le ministre a insisté lors de la même visite sur la nécessité d'achever le centre d'enfouissement technique (CET), afin de préserver les milieux marins et naturels de la région. Il existe également un autre phénomène de pollution à Ghazaouet, en l'occurrence celui de oued Ghazouana, traversant le tissu urbain, qui s'est transformé en réceptacle des eaux usées dégageant des odeurs nauséabondes, ou ceux des décharges sauvages constituées dans plusieurs endroits de la ville, selon des élus locaux qui plaident pour des solutions immédiates. A ce sujet, la même responsable de la direction de l'environnement estime que la solution réside dans le schéma directeur de gestion des déchets solides de la ville, qui est fin prêt et qui constitue un outil efficace pour l'éradication des sources de pollution.