Les Etats-Unis font fausse route au Moyen-Orient, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, réagissant aux propos tenus lundi par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, selon laquelle la République islamique se dirige vers une dictature militaire. "Ils sont eux-mêmes impliqués dans une espèce de dictature militaire et ignorent pratiquement les réalités de la région", a estimé Manouchehr Mottaki, dont les propos sont rapportés par l'agence de presse Isna. "L'Amérique a une approche erronée des problèmes du Moyen-Orient et c'est dans la lignée des mauvaises politiques qu'il ont menées par le passé. "Nous sommes désolés pour Mme Clinton (...) qu'elle ait détourné l'attention de l'opinion de la région vers des choses infondées et sans réalité", a-t-il poursuivi. En visite au Qatar, avant de gagner l'Arabie saoudite, la secrétaire d'Etat avait assuré lundi que les Etats-Unis souhaitaient poursuivre le dialogue avec Téhéran mais a ajouté qu'ils ne pouvaient "rester les bras croisés" pendant que l'Iran poursuit un programme nucléaire militaire clandestin. "Voilà comment nous voyons les choses. Nous voyons que le gouvernement iranien, le guide suprême, le président, le parlement sont évincés et que l'Iran va vers une dictature militaire. C'est notre opinion", a-t-elle déclaré. L'entourage de Hillary Clinton ne fait pas mystère du but principal de sa visite en Arabie saoudite. Les États-Unis vont demander au monarque saoudien de garantir à Pékin son approvisionnement en pétrole, au cas où de nouvelles sanctions entraîneraient la fermeture du robinet iranien vers la Chine. La Chine, opposée jusqu'ici à de nouvelles sanctions contre Téhéran, pourrait ainsi rejoindre le front anti-iranien lors d'une éventuelle réunion du Conseil de sécurité. C'est en tout cas le calcul de Washington, selon l'un des officiels américains accompagnant la secrétaire d'État, qui est arrivée lundi à Riyad en provenance du Qatar. Le secrétaire d'État adjoint au Proche-Orient, Jeffrey Feltman, pense pour sa part que les Saoudiens peuvent utiliser leurs relations avec la Chine pour "aider à augmenter la pression sur Pékin". Les Saoudiens craignent de se retrouver en première ligne après une attaque iranienne en représailles à d'éventuelles frappes américaines ou israéliennes, mais ils n'ont pas pour autant envie de forcer la main à leurs alliés chinois. Ceux-ci "n'ont pas besoin de suggestion de l'Arabie saoudite sur ce qu'ils doivent faire", affirmait lundi soir le prince Saoud al-Faysal, chef de la diplomatie. Le roi Abdallah, admirateur du dynamisme chinois, a tranquillement établi une relation étroite avec Pékin. Le président chinois, Hu Jintao, s'est déjà rendu deux fois en visite à Riyad, en 2006 et 2009, tandis que le roi Abdallah est allé à Pékin en 2006. Les deux pays ont établi une commission conjointe, qui se réunit régulièrement, au niveau ministériel. Les projets chinois en Arabie, dans le domaine des infrastructures, se montent à plus de 40 milliards de dollars. En ce qui concerne le pétrole, l'Arabie saoudite a déjà dépassé l'Iran pour devenir le premier fournisseur de la Chine, à qui elle assure plus de 20 % de ses importations, un chiffre en augmentation de 60 % dans les deux dernières années.