La production d'olives a été catastrophique cette année, commence par relever cet oléiculteur de la région de Bouira, histoire de "lubrifier" au possible l'annonce qu'il doit faire à son client à propos du prix du litre d'huile qui a atteint des sommets cette année sans pour autant que la qualité du produit ne soit améliorée. Pour preuve de son assertion, il signale que sa huilerie n'a pratiquement plus de graines à moudre , un mois après avoir entamé l'opération de trituration qui durait auparavant jusqu'au mois de mars. Autrement, vous auriez trouvé devant l'huilerie des tas de sacs d'olives à presser suivant l'ordre d'arrivée. Et en période de bonne récolte, comme celle de l'année dernière, le propriétaire peut attendre 15 jours avant de voir son tour arriver, affirme-t-il en montrant un vaste enclos vide réservé à l'entreposage des olives. La production oléicole est en effet en baisse cette année pas seulement dans la région de Bouira. Les chiffres disponibles au mois de janvier dernier font état d'une production nationale totale d'environ 1,416 million de quintaux d'olives dont 1,129 million de qx d'olives de table et 289 786 qx d'olives à huile, alors que la production d'huile d'olive est de 14.406 tonnes (156.586 hl). Lors de la campagne précédente, l'Algérie a produit plus de 4,7 millions de qx d'olives et 59.037 tonnes d'huile d'olive, contre 2,51 millions qx d'olives (dont 1,6 million qx d'olives à huile et de 910.321qx d'olives de table) et 24.754 tonnes d'huile d'olive en 2007/08. Selon Ammar Assabah, directeur de la régulation au ministère de l'Agriculture la baisse attendue pour cette année est due à deux facteurs essentiels, à savoir, les conditions climatiques (de fortes pluies), qui ont été néfastes durant la période de floraison, notamment au centre est du pays, une région spécialisée dans la production d'olive à huile. Il s'agit également de la conduite culturale dont les oléiculteurs ne respectent pas les techniques. " Les producteurs ne respectent pas les techniques culturales notamment au niveau de la récolte, puisqu'ils abîment les repousses, et cela affecte la production de l'année qui suit ", a-t-il dit. Cette mauvaise conduite découle également du fait que beaucoup d'oléiculteurs ne vivent pas de cette culture et exercent d'autres professions, ce qui les empêchent d'entretenir leurs vergers déjà pas nombreux, explique encore ce responsable. L'Algérie est classée 7e producteur de l'huile d'olive au monde avec une production moyenne de 35.000 à 40.000 tonnes par an. Le soutien à la filière constitue donc une priorité des pouvoirs publics qui visent d'abord à couvrir définitivement les besoins du marché local. Le secteur est déjà en pleine expansion puisque la superficie consacrée à l'olivier est passée de 165.000 hectares en 2000 à 300.000 aujourd'hui, ce qui représente un tiers de la superficie arboricole. L'Algérie ambitionne aussi d'exporter, à l'instar de ses voisins tunisien et marocain qui placent près de 30% de leurs productions respectives sur le marché mondial. Mais pour concurrencer les autres producteurs méditerranéens, le pays, qui dispose d'atouts indéniables, devra néanmoins relever un certain nombre de défis, tels que la croissance de sa production et de ses capacités de transformation et de conditionnement, l'amélioration de la qualité de son huile par l'instauration d'un label, une organisation professionnelle de la filière oléicole et une amélioration de son organisation à l'exportation.