Les problèmes de transports sont fréquents dans plusieurs wilayas du pays. Ainsi, dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj ils avaient imposé un certain diktat jusqu'à la multiplication des sociétés de radio-taxis ce qui a contribué à inverser la donne. Si les propriétaires de véhicules s'adonnant illicitement au transport de personnes voient "Nourik" (nom de la société de radio-taxis) d'un mauvais œil, les usagers, exaspérés par le "diktat" des fraudeurs, ne manquent pas de s'en féliciter. Et ils le font savoir. Pour Abdelbaki (45 ans), un fonctionnaire, père de famille, résidant au quartier populaire de Lagraph, c'est carrément "la fin du chantage!". Il y a quelques semaines, assure-t-il, pour se rendre à l'hôpital de la ville en cas d'urgence, et devant l'absence des taxis réguliers qui n'ont jamais assuré une permanence de nuit, il n'y avait "qu'eux" (les clandestins) pour proposer leurs services, et au prix qu'ils fixent eux-mêmes. Narimane (30 ans), standardiste dans une entreprise privée, n'est pas moins soulagée qu'Abdelbaki. "Au début du mois de février, devant me rendre au siège du tribunal pour une affaire urgente, j'ai été obligée de héler un clandestin et, croyez-moi si vous le voulez, j'ai eu la peur de ma vie en le voyant prendre des chemins détournés et même s'éloigner du tribunal", raconte-t-elle. Elle a su par la suite (après avoir tout de même payé 150 dinars) que son "chauffeur" s'appliquait à suivre, en scrutant l'horizon, un itinéraire "sécurisé", c'est-à-dire dépourvu d'agents de police en faction. Il reste que la mésaventure de Narimane renseigne sur les risques encourus par les citoyens lorsqu'ils s'adressent à ces faux-taxis. En dehors du fait qu'il peut y aller de leur sécurité, surtout lorsqu'il s'agit de femmes seules, ils peuvent aussi pâtir en cas d'accident, par exemple du côté frauduleux de cette activité, en particulier en matière d'assurance. C'est le cas de Fouad, un jeune électronicien de 23 ans, qui n'a pu faire valoir aucun droit lorsqu'il s'était fracturé le fémur à la suite d'une collision entre le taxi "bidon" qu'il avait sifflé pour se rendre à la zone industrielle et (ironie du sort) un taxi régulier circulant en sens inverse. Toutes ces raisons font que la nouvelle entreprise de radio-taxis, joignable d'un simple coup de fil, est accueillie avec une joie non dissimulée par les bordjiens ne disposant pas d'une voiture particulière. Dénommée "Nourik", cette société privée de transport urbain, est composée de 15 véhicules neufs et emploie, dès son entrée en exploitation, 23 personnes. Noui Bouchakour, son propriétaire, affirme qu'il acquerra 30 autres voitures de tourisme, "avant la fin 2010", pour "couvrir l'ensemble du réseau urbain du chef-lieu de wilaya et pour assurer un service à la clientèle dans les communes, voire pour les longs trajets au prix de 10,50 DA le kilomètre, soit le tarif réglementaire autorisé par la direction des transports". Selon la même source, l'entreprise "Nourik a mis en place, en y affectant trois véhicules, un service de permanence de nuit au niveau de l'hôpital de Bordj Bou-Arreridj, habituellement terrain de prédilection des taxis-fraude". Une autre raison pour ces derniers de tempêter tout leur soûl. Mais c'est-là le cadet des soucis de Abdelhak, de Narimane, de Fouad et de tous les autres bordjiens qui auront fatalement besoin, un jour, de se déplacer en ville pour une raison impérieuse, même à des heures indues. R.R.