La récente décision de l'Autorité de régulation des postes et des télécommunications, déclarant Djezzy en position dominante sur le marché de la téléphonie mobile en Algérie et lui exigeant de revenir sur les dernières baisses de tarifs auxquelles il a procédé, a étonné plus d'un. Notre confrère El Khabar avait rapporté dans sa livraison de mercredi que l'ARPT a sommé l'opérateur de téléphonie mobile de retirer son offre tarifaire relative au produit Allo OTA. L'Autorité de régulation dans sa décision n°11 datée du 12 mars, a relevé le caractère substantiel de la baisse annoncée par Djezzy sur son produit Allo OTA, dont il résulte un tarif singulièrement bas, laquelle gênerait de fait les concurrents. Sur ce, les responsables de Djezzy se sont montrés étonnés de cette décision de l'ARPT, d'autant plus qu'on ne peut en aucun cas leur reprocher de faire dans le dumping. Ils estiment, aussi, que les considérations tarifaires ne peuvent obéir qu'à une seule loi, celle du marché et de la libre concurrence. Il est vrai que Djezzy se trouve dans une situation de concurrence. Aussi, l'ARPT a organisé des réunions entre les trois opérateurs de téléphonie mobile les 6 et 11 mars derniers passer en revue le dossier des tarifs, dans l'objectif d'aligner les prix des opérateurs. On serait susceptible de croire dans ce cas, que l'Autorité de régulation essaie de maintenir une entente sur les tarifs de communication entre les opérateurs. Une aberration ? Oui, l'entente sur les prix est formellement interdite par la loi. En France, des opérateurs de téléphonie mobile ont dû payer de fortes amendes après avoir été épinglés pour entente sur les prix. Autre cas édifiant, la Commission européenne a engagé des procédures à l'encontre d'opérateurs de téléphonie mobile pour entente sur les tarifs de roaming. L'on se demande alors à quoi rime le manège de l'ARPT. S'agirait-il de défendre les intérêts des consommateurs ? En aucun cas, puisque l'un des bienfaits de la libre concurrence est de pousser les prix à la baisse. Chose dont profite en premier lieu le consommateur. Aussi, l'Autorité de régulation ne peut en aucun cas se mêler de la structure des tarifs. Ce n'est pas de ses prérogatives mais celles du Conseil national de la concurrence. L'ARPT jouerait-elle dans ce cas là au spéculateur ? Ce serait grave. D'ailleurs, le simple citoyen souffre déjà assez des affres de la spéculation qui a déjà entraîné des hausses vertigineuses des produits de base (lait, farine, fruits et légumes) pour qu'on vienne aujourd'hui en rajouter et tenter de maintenir les prix du téléphone à des niveaux élevés. L'ARPT semble aussi vouloir sanctionner un opérateur qui, grâce à la bonne gestion ayant prédominé en son sein, arrive à fournir des services de pointes à des tarifs défiant toute concurrence. La décision de l'ARPT est explicite. Elle déclare Orascom Télécom Algérie en position dominante sur le marché du service de téléphonie mobile au public de type GSM. Mais il serait utile de remettre les choses dans leur contexte. Djezzy est leader du marché, il accapare plus de 50% du marché et 70 % du chiffre d'affaires. Il en reste néanmoins que l'opérateur est en situation de concurrence et non de monopole. Djezzy qui a comptabilisé 10 005 200 abonnés en septembre 2006 (près du double du nombre d'abonnés comptabilisé chez Mobilis soit 6 880 171 abonnés et plus de 4 fois le nombre d'abonnés chez Nedjma avec 2 351 336) arrive à faire un chiffre d'affaires 4 fois plus important que celui de Mobilis et 7 fois plus importants que celui de Nedjma. Si l'on observe de plus près les chiffres en rapport avec le revenus par abonné (ARPU) et les minutes de communication consommées par abonné (MoU) on relève de fait la suprématie de Djezzy. En effet, Djezzy réalise un ARPU (1007 DA) 3 fois supérieur à Mobilis (357 DA) et une fois et demi supérieur à celui de Nedjma (770 DA). Du côté des communications on se rend compte qu'un abonné Djezzy consomme 147 minutes par mois, à savoir deux fois plus qu'un abonné Nedjma (92 minutes) et 4 fois plus qu'un abonné Mobilis (42 minutes). Tous ces éléments indiquent que Djezzy a adopté une politique tendant à fournir les meilleures conditions d'utilisation à ses abonnés. Si aujourd'hui l'ARPT estime qu'il serait temps pour Djezzy de freiner la cadence pour laisser le temps aux concurrents de le rattraper, on serait tenté de croire que l'Autorité de régulation sanctionne la performance au profit de la médiocrité, tout cela au détriment du consommateur.