Le conflit sur les tarifs d'interconnexion avec l'opérateur fixe persiste. Si l'autorité de régulation n'intervient pas, la clientèle sera pénalisée par une augmentation prévisible des tarifs. L'interconnexion est un sujet qui revient avec acuité, ces derniers jours, notamment après la polémique opposant l'opérateur historique Algérie Télécom au deuxième opérateur Orascom Télécom Algérie. Ce sujet implique plusieurs parties en dehors des deux opérateurs dont l'autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) qui se prononce sur les litiges en matière d'interconnexion. Cette dernière est définie comme étant “le moyen qui véhicule les communications entre les réseaux des différents opérateurs activant sur le marché soit du fixe vers le mobile, soit du mobile vers le fixe ou bien du mobile vers le mobile”. Ceci étant dit, chaque opérateur fait payer un tarif à l'autre opérateur pour la suite du parcours de terminaison (communication) dans son propre réseau : c'est ce qu'on appelle le tarif de terminaison. Les opérateurs mobiles passent essentiellement par le centre de transit international, le centre de transit national et local pour établir des liens d'interconnexion avec Algérie Télécom permettant à leurs abonnés d'appeler vers le fixe. Il y a des liaisons d'interconnexion, selon un spécialiste, entre les réseaux loués à l'opérateur historique Algérie Télécom et des équipements de transmission localisés chez l'autre opérateur. Donc, l'opérateur mobile doit payer le prix de colocation de ces équipements et la location des M2 à l'opérateur fixe, indiquera-t-il. Les facteurs de liaisons et de location en commun payés à l'opérateur fixe sont considérés, précise-t-on, comme des coûts et sont répercutés dans les prix de vente au consommateur, c'est-à-dire le tarif de la communication. Cette situation explique, soutiendra-t-il, le prix élevé de la communication d'un opérateur mobile vers le fixe comparativement au coût d'une communication d'un mobile à un mobile. Là encore, il a déclaré : “plus le prix d'interconnexion est cher, plus le tarif de communication appliqué au consommateur sera élevé.” Tout cela explique la situation de monopole de fait qu'exerce Algérie Télécom sur le marché de la téléphonie mobile à travers les équipements de transmission. En définitive, c'est l'abonné qui est pénalisé davantage par ce problème d'interconnexion puisqu'il risque de payer sa communication du mobile vers le fixe plus chère. Une raison qui pousse les opérateurs mobiles à revendiquer des coûts raisonnables d'interconnexion vers le réseau fixe d'Algérie Télécom, affirme-t-on. Pis, les factures d'interconnexion constituent un facteur important dans la trésorie des opérateurs de téléphonie mobile. Tout changement dans la structure des coûts d'interconnexion peut se répercuter, martèlera-t-il, sur la situation financière de l'opérateur mobile. Le conflit opposant Djezzy à Algérie Télécom demeure encore entre les mains de l'ARPT et du Conseil d'Etat qui a été saisi par les deux opérateurs. La loi impose, selon ce spécialiste, aux opérateurs de ne se facturer entre eux les prestations d'interconnexion qu'aux coûts réels de cette activité. Autrement dit, ils ne doivent pas prendre en compte les autres frais comme ceux du marketing, ajoutera-t-il. Les experts américains ont abondé dans le même sens en déclarant lors d'un séminaire organisé dernièrement par l'ARPT que “les tarifs de l'interconnexion doivent aller vers les coûts réels et être en rapport avec le service vendu”. Ils ont dit M. Hassan Kabani, directeur général d'Orascom Télécom Algérie : “Djezzy ne refuse pas l'application des décisions de l'ARPT, mais Algérie Télécom facture l'interconnexion bien plus chère que ses coûts et dans des proportions injustifiables au regard de la loi et de la logique économique. Les coûts d'interconnexion doivent aller vers les tarifs réels. Orascom Télécom Algérie souhaite le respect de la loi et la protection de ses intérêts légitimes et ceux des consommateurs dans un esprit de coopération et de respect mutuel entre opérateurs. Nous avons confiance en l'ARPT pour montrer dans cette affaire sa sagesse habituelle dans sa double mission de faire respecter la loi et de protéger le consommateur.” M. Brahim Ouarets, P-DG d'Algérie Télécom : “Nous respectons les décisions prises par l'ARPT sur l'interconnexion avec Orascom Télécom Algérie. Nous demandons le respect des procédures réglementaires prévues dans la loi et le cahier des charges des opérateurs.” M. Mohammed Benfodil, président de l'ARPT : “Personne ne peut remettre en cause les décisions de l'ARPT. Les opérateurs qui ne sont pas d'accord avec nos décisions ont le droit d'aller vers le Conseil de l'Etat car la loi les y autorise. Il est tout à fait normal que deux opérateurs s'opposent sur la question de l'interconnexion dans un marché où la concurrence est rude.” M. René Patoine, directeur général de Wataniya Télécom Algérie : “Nous avons assaini déjà la situation avec Algérie Télécom puisque Wataniya Télécom Algérie et Algérie Télécom se sont mis d'accord sur le dossier des terminaisons d'appels jusqu'au 31 décembre 2005. Concernant le catalogue d'interconnexion d'Algérie Télécom, Wataniya Télécom Algérie a saisi l'Autorité de régulation (ARPT) sur plusieurs points avec lesquels elle n'est pas d'accord. Wataniya Télécom Algérie attend toujours la décision de l'ARPT et évaluera les actions à prendre en conséquence. Wataniya Télécom Algérie a présenté, également, à l'ARPT un catalogue d'interconnexion et nous attendons son approbation.” . F. M.