L'Union européenne a exhorté lundi la Grèce à prendre des mesures d'austérité supplémentaires pour juguler sa crise budgétaire et s'est engagée à l'aider à la surmonter. A l'issue d'une journée de négociations avec les dirigeants grecs, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a estimé que les marchés financiers seraient convaincus que la Grèce atteindrait ses objectifs de réduction de ses déficits une fois qu'ils auraient vu des nouvelles mesures précises. Quelques heures plus tard, le secrétariat du Premier ministre grec George Papandréou annonçait un conseil des ministres pour mercredi "pour prendre des décisions sur l'économie". Cette annonce suggère que de nouvelles mesures d'économies pourraient être annoncées dans le but d'obtenir en échange le soutien financier de l'UE, sans doute via la garantie d'émissions obligataires. "Je suis sûr qu'ensemble nous surmonterons ces terribles défis économiques et budgétaires", a déclaré Olli Rehn, à l'issue d'une rencontre avec le ministre des Finances George Papaconstantinou. "J'entends encourager les autorités grecques à envisager et à annoncer de nouvelles mesures dans les jours qui viennent pour atteindre cet objectif", a-t-il ajouté. Le Premier ministre doit rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel vendredi à Berlin, une réunion très importante car l'Allemagne, en tant que première puissance économique européenne, détient la clé d'un éventuel soutien communautaire. "Nous voulons apporter notre soutien à la Grèce", a-t-elle déclaré, tout en appelant les marchés à reprendre confiance en la monnaie européenne. Les coûts d'emprunt de la Grèce sont tombés lundi à leur niveau le plus bas depuis la mi-février, les marchés pensant qu'Athènes soumettra bientôt du nouveau, en l'espèce des hausses d'impôt et une réduction des dépenses, pour, si ce n'est combler le déficit, au moins le réduire sensiblement. Les spreads des dettes italienne, espagnole et portugaise ont eux aussi rétréci. Cela pourrait en retour pousser l'UE à traduire en actes son soutien verbal à la Grèce, confrontée à une échéance de l'ordre de 25 milliards d'euros d'ici la fin mai, peut-être par le biais de garanties publiques apportées aux banques qui souscriraient à la dette souveraine du pays, ont déclaré des parlementaires allemands et de l'Union européenne. Néanmoins, pour l'heure, la Grèce doit encore payer plus de trois points au-dessus des rendements des Bund allemands pour pouvoir emprunter sur les marchés de capitaux. Certains observateurs estiment néanmoins qu'il n'y a aucune raison pour que la spéculation actuelle contre la zone euro se calme rapidement. L'ajustement budgétaire prendra du temps, surtout dans les pays les plus fragiles. Le problème grec est gérable tant que les marchés croiront en un soutien européen. Mais la Grèce doit s'aider elle-même en faisant un peu plus d'efforts. Face au risque d'une "fatigue des réformes", une aide extérieure, du FMI ou de l'Europe, sera peut-être nécessaire.