A quatre jours de législatives sous haute tension en Irak, un triple attentat a fait au moins 30 morts et 48 blessés hier matin à Bakouba, capitale de la très volatile province de Diyala, selon la police irakienne. Ces attaques ont visé à quelques minutes d'intervalle des bureaux du gouvernement local, le siège du conseil provincial et un hôpital, a précisé le capitaine Ghalib al-Karkhi, porte-parole de la police de la province de Diyala. D'abord, une voiture piégée a explosé devant un bâtiment abritant des services du gouvernement local, situé juste à côté d'une infrastructure de l'armée irakienne. Quelques minutes plus tard, un kamikaze a précipité son véhicule contre le siège du conseil provincial. Enfin, un autre kamikaze, vêtu d'un gilet d'explosifs, s'est fait sauter dans les urgences d'un hôpital où étaient accueillies les victimes des deux premières déflagrations. Deux des assaillants ont lancé des voitures chargées d'explosifs contre des postes de police dans le centre et l'ouest de cette ville située à 65 km de la capitale. Le troisième, qui était à pied et portait un uniforme de lieutenant des forces de police, s'est fait exploser à l'entrée du principal hôpital de Bakouba où arrivaient les blessés des deux autres attaques. Le kamikaze cherchait apparemment à tuer le chef de la police provinciale, qui se trouvait sur place, mais des agents de sécurité l'ont arrêté avant qu'il ne pénètre dans l'établissement. Les gardes du corps du responsable de la police ont tiré en l'air, ajoutant à la confusion. Samira al Chibli, porte-parole du gouverneur, a annoncé qu'un couvre-feu avait été imposé dans toute la province et que les accès aux grandes villes avaient été bouclés pour prévenir d'autres attentats. Talib Mohamed Hassan, qui dirige le Conseil provincial, a accusé des insurgés financés par l'étranger de vouloir terroriser la population avant le scrutin de dimanche. "Même si de telles attaques se produisent le jour des élections, les gens iront voter. C'est un défi qu'ils veulent relever", a-t-il assuré. Ce triple attentat a été perpétré tandis que l'Irak se trouve en état d'alerte maximale avant les élections législatives de dimanche, dont l'approche a ravivé les tensions ethniques et surtout religieuses, entre la majorité chiite et la minorité sunnite, dont près de 500 candidats ont été empêchés de se présenter. Les élections législatives de dimanche représentent un enjeu de taille pour plusieurs puissances extérieures, dont l'occupant américain et le voisin iranien. Les troupes américaines devront en principe avoir plié bagage à la fin de l'an prochain. De son côté, le président Barack Obama espère que le scrutin débouchera sur un régime plus laïque, plus représentatif et plus stable qui permettra le rapatriement en bon ordre des militaires américains. L'Arabie saoudite, la Turquie et la Syrie poursuivent aussi leurs propres intérêts chez leur voisin, dont les divisions et tensions ethniques, religieuses et politiques alimentent la vulnérabilité.