La hausse des cours du pétrole a repris le dessus. Le contrat avec une échéance avril sur le brut léger américain a repassé le seuil des 80 dollars. Les raisons de ce mouvement sont connues. La première d'entre elles est que la demande en provenance des pays émergents est soutenue. Celle-ci permet de compenser la faiblesse perceptible dans les pays riches. Ensuite, comme le faisait remarquer une étude récente de Bank of America Merrill Lynch, les problèmes du côté de l'offre demeurent. Ainsi, la production des pays non membres de l'Opep devrait enregistrer son pic en 2011. Et elle ne fera que décliner par la suite. Quant aux pays de l'Opep, ils ont bien géré la crise. Les coupes dans la production ont été rapides. Un redémarrage pourra avoir lieu dès que le besoin s'en fera sentir. De toute façon, les pays de l'Opep restent en position de force dans une perspective de moyen terme. A long terme, l'absence de véritable alternative au pétrole reste une des principales raisons de la hausse de l'or noir. D'autant que, si les pays riches ont des programmes liés aux énergies vertes, les pays émergents n'en ont guère. Dans ces conditions, le pétrole devrait continuer à être bien orienté dans les mois qui viennent. Bank of America Merrill Lynch prévoit un baril à plus de 90 dollars au second semestre et au-dessus de 100 dollars en 2011. Ces estimations semblent raisonnables. Le pétrole reste loin de son record atteint en juillet 2008, à plus de 147 dollars. Notons que les prix du pétrole ont enregistré une nette hausse vendredi à New York, grâce à des chiffres mensuels de l'emploi qui ont renforcé les espoirs des investisseurs pour l'économie américaine. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 81,50 dollars, en progression de 1,29 dollar par rapport à la veille. A Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 1,35 dollar à 79,89 dollars. "Clairement une bonne nouvelle", selon l'économiste de Natixis Inna Mufteeva, les chiffres mensuels de l'emploi ont ôté un poids aux marchés. "Ces deux dernières semaines, le marché a fait du surplace entre 77 et 81 dollars le baril. A chaque fois que le marché semblait vouloir casser ces marges il échouait", a rappelé Thomas Bentz, de BNP-Paribas Commodity Futures. "Cette semaine a été plus positive pour les partisans de la hausse, et évidemment les chiffres sur l'emploi ont aidé", a ajouté l'analyste, soulignant qu'"au moins, l'économie se stabilise". Le fait de terminer en hausse, et d'avoir touché un plus haut depuis sept semaines, était de bon augure d'un point de vue technique, a précisé Thomas Bentz. Le baril s'est propulsé à plus de 82 dollars en séance (82,07 dollars). De plus, en ravivant l'intérêt pour les actifs plus risqués, ces chiffres de l'emploi ont apaisé la pression à la hausse sur le dollar, qui se repliait face à l'euro au moment de la clôture du Nymex. L'hésitation du marché ces dernières semaines était le "reflet d'un marché déchiré entre la décrue des stocks de brut et une demande plus faible, alors que les raffineries entrent dans leur période de maintenance", ont souligné de leur côté les analystes de JPMorgan. "La demande, même si elle progresse, reste faible. Les stocks, même s'ils reculent, restent élevés. Et il y a toujours d'importants excédents de capacité de production parmi les membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et de capacités de raffinage", a renchéri Adam Sieminski. Mais depuis jeudi dernier, les cours ont repris plus de 4%. Ils ont été aidés en cela par le marché de l'essence, dopé notamment par les problèmes du Brésil sur sa production d'éthanol, qui l'ont poussé à devenir importateur d'essence.