Les analystes s´attendent à ce que les cours atteignent rapidement 60 dollars le baril. Les cours du pétrole brut ont franchi, vendredi, un seuil jamais connu. Sur le marché new-yorkais, les cours ont atteint les 58,47 dollars, après être montés jusqu´à 58,60 dollars le baril en toute fin de séance, annonçant ainsi son nouveau record historique. L'or noir de qualité «light sweet crude», pour livraison en juillet, a donc fini sur une hausse de 1,89 dollar. Faut-il rappeler que le dernier record enregistré avait effleuré, le 4 avril, la barre des 58,28 dollars. En un mois seulement, les cours du baril de brut ont donc bondi de près de 12 dollars à New York. Sur le marché londonien, le baril de Brent de la mer du Nord a, lui aussi, atteint un nouveau record historique évalué à 57,95 dollars en toute fin de séance avant de finir à 57,76 dollars sur un gain de 1,54 dollar. Selon les estimations des analystes, les cours prennent droit la direction des 60 dollars. Une fois ce seuil atteint, les hausses des marchés financiers, en référence aux mêmes prévisions, se poursuivront probablement. Les prix sont dopés, explique-t-on, par la peur d´une pénurie sur le marché en fin d´année, et beaucoup d´analystes s´attendent à ce qu´ils atteignent rapidement 60 dollars le baril. Du langage d'un expert, «La demande est toujours soutenue et les stocks s´érodent doucement. Les fondamentaux du marché vont dans le sens d´une hausse. Je pense que nous sommes partis pour atteindre 60 dollars le baril la semaine prochaine», prédit M.Jamal Qureshi, analyste de PFC Energy. «Les gens sont toujours sceptiques sur la capacité de l´Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de répondre à la demande du marché», estime dans le même sillage Marshall Steeves, analyste de Refco. «L´Opep a laissé entendre lors de sa réunion, mercredi, qu´ils ne peuvent rien faire pour faire baisser les prix, que c´est un problème de raffinage», renchérit l'analyste de PFC Energy. Le parc de raffinerie aux Etats-Unis n´a pas connu de progression depuis les années 70, même si les équipements existants ont été agrandis et les capacités de raffinage n´arrivent donc plus à suivre la forte demande d´essence et de produits distillés comme le fioul de chauffage et le diesel. L'on cite aussi des problèmes dans des raffineries et l´instabilité au Nigeria, premier producteur d´or noir d´Afrique avec 2,4 millions de barils par jour (mbj) de brut, principalement léger. «Des inquiétudes géopolitiques ont fourni la dernière étincelle après l´annonce de la fermeture de l´ambassade américaine au Nigeria (en fait, le consulat à Lagos, ndlr) pour des raisons de sécurité non identifiées», acquiesce John Kilduff, analyste chez Fimat. «Le pétrole brut naturellement léger et non sulfureux du Nigeria est très prisé par les raffineries pour la facilité avec laquelle il peut être transformé en carburant, surtout en essence», explique-t-il. Jeudi dernier, le consulat américain à Lagos, capitale économique du Nigeria, a été fermé pour des raisons de sécurité. Le lendemain, le consulat britannique annonça aussi sa fermeture pour le même motif. Six employés d´une société privée travaillant pour le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell étaient retenus en otage depuis mercredi, par de jeunes militants de la communauté Ijaw, dans la région du Delta du Niger (sud du pays). Le marché redoute donc une interruption de la production au Nigeria. En dépit de l'annonce de l'Opep d'augmenter en juillet ses quotas de production de 500.000 barils par jour (mbj) avec une 2e hausse optionnelle de même volume avant septembre, M.Chakib Khelil, ministre de l´Energie et des Mines, a indiqué que sans cette décision, les prix auraient probablement atteint des niveaux encore plus élevés». Et d'ajouter: «Je ne sais pas ce qui va se passer dans les trois à quatre mois à venir, par contre, je sais que nous aurons le même problème avec les capacités (insuffisantes) de raffinage».