Les prévisions de demandes mondiales ne semblent pas susciter assez d'optimisme pour induire un rebond du baril. Les prix du pétrole reculaient encore vendredi en début d'échanges européens et s'apprêtaient à finir la semaine sous les 60 dollars le baril, après avoir déjà repassé ce seuil la veille, pour la première fois depuis fin mai, le marché s'inquiétant de la faiblesse de la demande. A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août cédait 72 cents à 60,38 dollars, par rapport à la clôture de la veille, sur l'InterContinental Exchange (ICE), après un plongeon à 59,76 dollars. Tombé quant à lui à 59,25 dollars, un plus bas depuis le 26 mai, le brut léger texan (WTI) perdait 81 cents à 59,60 dollars. Le baril a connu une séance hésitante jeudi, tombant jusqu'à 59,25 dollars en cours d'échanges. C'est la première fois depuis le 26 mai qu'il passe sous le seuil de 60 dollars. Il affiche une chute de plus de 13 dollars par rapport à ses sommets touchés au cours de la semaine dernière. "Le seul espoir pour les haussiers est que nous sommes aujourd'hui vendredi et que quelques achats de couverture peuvent avoir lieu mais il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer", estimaient les analystes du cabinet PVM. "Ce mouvement de prix pourrait être interprété comme un recentrage sur les fondamentaux baissiers, combinés avec des inquiétudes plus fortes sur les perspectives pour l'économie mondiale qui pourrait devoir passer par une régulation plus forte" commentaient les analystes d'ODL Securities. Il faut savoir que l'Agence internationale de l'énergie estime que la demande pétrolière mondiale, tirée par l'augmentation de la consommation attendue dans les pays émergents, remontera de 1,7% en 2010 par rapport à cette année, ce qui équivaut à 1,4 million de barils par jour. L'agence, qui conseille 28 pays industrialisés, estime ainsi que la demande pétrolière mondiale atteindra 85,2 millions de barils par jour. Pour cette année, les perspectives restent "inchangées" et la demande devrait donc baisser de 2,9% par rapport à 2008, soit 2,5 millions de barils par jour. Les onze pays membres de l'Opep soumis aux réductions de production décidées par le cartel ont pompé 75.000 barils par jour de plus en juin qu'en mai, ce qui fait qu'ils n'ont plus respecté qu'à 68% leurs engagements de baisse de production. La progression de la demande pour le brut produit par le cartel devrait cependant rester limitée en raison d'une prévision rehaussée de 330.000 bpj pour l'offre proposée par les pays hors-Opep, notamment de la part de la Russie. La demande pour le brut de l'Opep a été estimée à 27,7 millions bpj pour 2009 et est projetée à 27,9 millions pour 2010. Les stocks ont augmenté et représentaient 62,5 jours de couverture des besoins à la fin mai, soit 7,2 jours de plus qu'il y a un an. A la fin avril, ils représentaient 62 jours de couverture. Pour sa part, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a fiché son souhait de voir les cours du brut augmenter. Le secrétaire général de l'Opep Abdallah El Badri, a indiqué qu'"actuellement les prix sont confortables. Mais ils ne sont pas au niveau correspondant à notre objectif”. M. El Badri a souligné que les prix actuels autour de 60 dollars le baril "n'encourageaient pas l'investissement". Vers 13H05 GMT à New York le baril s'échangeait à 62,08 dollars, en baisse de 85 cents par rapport à son cours de clôture de mardi, alors qu'il était remonté à plus de 73 dollars la semaine dernière. Par ailleurs, à l'Aquilla (Italie), les dirigeants du G8 ont appelé mercredi dans une déclaration commune sur l'économie les pays producteurs et consommateurs de pétrole à "améliorer la transparence et renforcer leur dialogue afin de réduire la volatilité excessive du marché." Dans son rapport annuel, le cartel a considérablement revu à la baisse la demande mondiale "à moins de 106 millions de barils par jour (mbj) en 2030" soit bien moins que les 113 mbj prévu dans l'édition 2008 de ce rapport. Les producteurs de pétrole "sont inquiets comme tout le monde", a souligné M. El Badri ajoutant que la récession et la crise financière "ont frappé la demande" tout en espérant que cela prendra fin en 2009 et qu'on voit ensuite la demande remonter". D'ici 2012 toutefois "ce problème sera dépassé et nous reprendrons les affaires courantes", a-t-il ajouté. Dans les pays de l'OCDE, dont les économies en récession actuellement ne devraient retrouver leur plein potentiel de croissance qu'en 2012, la demande de brut va continuer à reculer au moins jusqu'en 2010 puis stagner jusqu'en 2013, a encore noté l'Opep dans son rapport. En revanche dans les pays en développement la demande va croître sur le long terme avec une hausse prévue de 23 mbj pour la période 2008-2030 pour atteindre 56 mbj. "Près de 80% de la hausse nette" de la demande pendant cette période viendra des économies émergentes d'Asie. Et si l'on considère les chiffres de la demande de pétrole par personne, l'Opep affirme que la demande en Amérique du Nord restera toujours dix fois plus élevée que celle des pays d'Asie du sud. Le Secteur des transports sera toujours le secteur le plus gourmand en brut comptant pour 60% de la hausse de la demande d'ici 2030, encore que ce chiffre aussi a été revu à la baisse par l'Opep pour cause de récession économique et de développement de voitures plus sobres et de carburants alternatifs. Selon l'Opep d'ici 2030 on devrait compter 87 voitures pour 1.000 habitants dans les pays en développement (contre à peine 31/1000 en 2007) comparé aux 530 automobiles pour 1.000 habitants des pays de l'OCDE. Samira G.