Si le pays ne peut pas vivre sans les importations et qu'il échoue à produire en substitution à celles-ci, si alors se produit une insuffisance des ressources à la fois par leur épuisement et par la dégradation des cours du baril de pétrole, si donc se raréfient les biens de consommation par notre éventuel échec de la politique agricole, quelle stabilité pourrait-il y avoir alors qu'il sera facilement prévisible que se déclencheront des luttes pour leur appropriation ? Quelle souveraineté prouvée et effective pour un pays dont l'économie dépend d'une ressource non renouvelable, qui s'épuise et qui voit s'éroder ses cours ? Il ne peut pas y avoir d'institutions réellement démocratiques si l'économie est tournée vers les importations avec son corolaire le chômage et la dépendance de l'étranger. Sur le plan de l'économie, le concept de "sécurité" avait souvent accompagné les discours des pouvoirs successifs, et se rapportait à notre dépendance des pays étrangers, plus particulièrement dans le domaine de l'agriculture. L'alarme avait sonné très fort lors d'une rencontre entre experts organisé par le Sénat. L'usage du concept de sécurité est si approprié que c'est la commission défense nationale qui avait organisé cette rencontre. Nous n'en sommes plus à ce niveau à épiloguer sur "l'intelligence économique", ne disposant pas d'entreprises qui devraient protéger leurs innovations, leurs procédés de fabrication, leurs marchés extérieurs, qui devraient disposer de leurs propres services de renseignement, face à une concurrence féroce. Il est connu et reconnu maintenant que la sécurité alimentaire, qui est une partie intégrante de la sécurité nationale, montre du doigt les axes d'une politique à concevoir, à prioriser et à mettre en œuvre. La sécurité alimentaire peut renforcer notre capacité à ne pas nous soumettre au chantage d'autres pays, comme par son insuffisance ou sa dégradation, elle pourrait ruiner la souveraineté nationale en transférant à l'étranger la décision nationale. Cette mise en péril de la sécurité est autant à conjurer qu'on évalue la durée pendant laquelle les importations seront garanties par le montant des réserves disponibles. Qu'en sera-t-il par la suite, quand nous aurons totalement dépensé nos réserves ? Après le passage par les réformes dictées par les institutions internationales et l'ouverture de l'économie aux hommes d'affaites étrangers et aux entreprises étrangères qui n'investissent pas dans les domaines qui contribuent au développement durable mais exclusivement dans les domaines à rentrée immédiate tels les services et le commerce, il en découle que l'Etat recule par désengagement et que le terrain qu'il quitte est vite occupé par les forces du marché, c'est-à-dire le "souk", avec le risque de voir dégringoler les cours de la matière première et assez longtemps pour épuiser le bas de laine. Il y a le risque grand de retourner vers le FMI et d'avoir à nouveau à se soumettre à ses conditions.