L'un des films-phares sur la révolution algérienne, La bataille d'Alger du défunt Gillo Pontecorvo sera diffusé, prochainement, sur les grands écrans de la Grande-Bretagne. La projection de cette œuvre qui a été retirée des écrans français pour censure depuis 1971, intervient avec la tenue du 11e Festival international du film. Un rendez-vous organisé par l'ONG Human Rights Watch, sous le thème de la dénonciation de la torture. Ce n'est qu'en 2004 que ce film à la fois très dur et authentique, qui narre l'un des épisodes les plus violents de notre guerre a été autorisé par la France qui a mené ces dernières années son processus expiatoire. C'est la société britannique “Maiden voyage pictures” qui distribue ce film en version anglaise à partir du 11 du mois de mai prochain. Le lancement officiel de cette projection se fera à la même date, (le 11 mai) à l'Institut des arts modernes de Londres, en présence de Yacef Saâdi, coproducteur de cette œuvre avec l'Italien Antonio Musu. Réalisé en 1965, la projection du film qui a connu, des années durant, un franc succès, sera assurée par le réseau de distribution de “ Maiden voyage pictures ” qui a obtenu les droits de sa diffusion à travers la Grande-Bretagne. La société britannique de distribution qui projette la commercialisation du film sous forme de “ DVD”, veut s'inspirer de l'expérience d'une société américaine qui avait réussi à réaliser des recettes considérables grâce à la commercialisation du DVD de La bataille d'Alger, indique Bjorn Rickets, responsable à “ Maiden voyage pictures”. Il est clair que la distribution de ce film en version DVD, a un aspect lucratif, mais il n'en demeure pas moins que l'aspect historique de cette grande œuvre qui raconte les exactions et les tortures commises par les Français à l'égard des moudjahidine et des habitants de la Casbah n'en sera pas altéré. La Bataille d'Alger relate l'épisode du soulèvement de la population algérienne encadrée par le FLN (Front de libération Nationale) au cours des années 1956-1957 contre le pouvoir français, et les tentatives de l'armée française de mater la rébellion. La bataille d'Alger traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 par les paras français de la 10e division parachutiste du colonel Jacques Massu et les hommes du FLN, avec l'usage de la torture d'un côté et les attentats de l'autre. Datant d'une quarantaine d'années (1965), La bataille d'Alger, qui avait connu à l'époque et même après une parfaite réussite, a acquis un nouveau succès, notamment lorsque les dirigeants du Pentagone (ministère de la Défense américain) ont en fait un document de référence pour comprendre et faire face aux modes opératoires de la résistance irakienne, d'autant que celle-ci n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur depuis l'invasion de l'Irak en 2003. Et d'ailleurs l'ouvrage de l'historien britannique Alister Horn intitulé L'histoire de la guerre d'Algérie, recommandé par l'ex ministre des Affaires étrangères américain, Henry Kissinger au président Bush, est devenu le livre de chevet de ce dernier, rapportent des médias. L'intérêt américain croissant pour ce film a fait, d'ailleurs, effet boule de neige, au point que l'œuvre qui date continue d'être projetée et d'être débattue jusqu'au jour d'aujourd'hui dans les festivals et autres rencontres mondiales. Le film voit le jour en 1965, trois ans après la fin des hostilités en Algérie, lorsqu'un des chefs militaires du FLN à Alger, Yacef Saâdi, propose à Gillo Pontecorvo l'idée d'un film basé sur ses souvenirs de combat. Le film est tourné avec des non-professionnels, à l'exception de Jean Martin, dans le rôle du colonel Matthieu à la tête des parachutistes français. Le film est resté 40 ans interdit en France. La batille d'Alger considéré aujourd'hui comme un modèle de la guérilla urbaine a été tourné trois ans après l'indépendance de l'Algérie et le rapatriement de 800 000 colons qui y vivaient souvent depuis plus d'un siècle. Avec le recul, le film est reconnu constituer un témoignage équilibré d'une tranche d'histoire particulièrement féroce, voire sauvage, et douloureuse pour toutes les parties en présence.