La France est la championne des faux billets, c'est là, où l'on trouve le plus grand nombre de faux-monnayeurs. Ces deux dernières années, le nombre de faux billets a explosé. Selon un communiqué de la Banque centrale européenne, datant de janvier 2010, il a augmenté de 51% en Europe. Officiellement ce sont donc 447 000 billets contrefaits qui ont été saisis durant le second semestre 2009. Huit ans après la mise en circulation de l'Euro, la monnaie européenne s'est relativement imposée sur la scène internationale. L'euro était censé être infalsifiable. Pourtant, de plus en plus de faux billets, circulent, en particulier de vingt euros. Par ailleurs, " non falsifiable " ne signifie pas inimitable. Si le secret de la duplication des billets n'a pas encore été percé par les faussaires, celui de l'imitation est beaucoup plus accessible. Avec un ordinateur, un scanner de bonne qualité, une imprimante et des connaissances solides en informatique, on peut obtenir des copies trompeuses. " La tradition veut que plus une monnaie circule, plus elle est contrefaite. Avant, le dollar était la seule monnaie de référence. Maintenant, l'euro a pris de l'ampleur et du coup, les faussaires, en Europe mais aussi en Asie ou en Colombie, s'y intéressent plus ", a expliqué Nicolas Jean Bréhon, spécialiste des finances communautaires et professeur à la Sorbonne. Les petites coupures de vingt et cinquante euros sont souvent écoulées dans les petits commerces qui n'ont souvent ni le temps ni le matériel pour s'en protéger. "Des faux billets, j'en croise toutes les semaines", a déclaré un commerçant qui tient un bar-tabac dans le 20ème arrondissement de Paris. "On essaie de faire toujours attention, on peut en repérer certains rien qu'au toucher, sinon, j'ai une mini lampe UV achetée dans un bazar qui permet de vérifier, mais ça arrive d'en laisser passer un. Rien que ce matin, en déposant de l'argent à la banque, on m'a refusé deux billets de cinq euros, et dans ce cas, c'est pour ma pomme", a-t-il ajouté. Par ailleurs, la Banque de France de son côté, se contente de récupérer les faux billets et de les détruire sans compensation. Pour rappel, en octobre 2009, un réseau de douze fabricants de faux dinars avait été démantelé à Lyon, après plusieurs mois d'enquête entre Naples (Italie), le Vaucluse et la capitale des Gaulles. Il s'agissait du premier démantèlement d'imprimerie clandestine en France depuis plus de dix ans. La police judiciaire avait découvert 30.000 billets de 1000 dinars, une machine offset et du papier fiduciaire dérobé lors d'un précédent braquage visant une cargaison d'une quarantaine de rouleaux. Cette attaque à main armée s'était produite à Marseille en novembre 2006. Le papier volé était destiné à la Banque centrale d'Algérie, de plus, deux à trois de ces rouleaux avaient été retrouvés à Naples, en Italie, en janvier 2009. Pour conclure, si, économiquement, la fausse monnaie n'a aucun impact concret, elle n'en pose pas moins d'autres problèmes. L'argent est un lien social, et la valeur symbolique du billet doit être garantie à tout prix. Sa décrédibilisation empêche la moindre transaction de s'effectuer sereinement. Du coup, les organisations gouvernementales préfèrent rester discrètes. La Banque centrale européenne n'annonce, elle, que 860 000 billets retirés de la circulation en 2009. Cependant, le décompte est partiel et omet les faux interceptés par les polices européennes avant mise sur le marché. Pour Nicolas Jean Bréhon, on en compterait donc plutôt deux millions. Sur près de treize milliards de billets en circulation dans toute l'Europe, le phénomène reste marginal.