La crise économique, qui secoue actuellement la planète, a accéléré la propagation des fraudes en tous genres. Ainsi, et en parallèle de la croissance de la cybercriminalité financière en Afrique, le continent européen est touché par un tout autre phénomène, celui de la contrefaçon de billets de banques. C'est ainsi qu'en deux ans, le nombre de faux billets retirés de la circulation par la Banque centrale européenne a augmenté de 53%. 860 000 fausses coupures ont été retirées de la circulation en 2009, soit une augmentation de 53 % sur deux ans. "C'est la rançon du succès. Plus une monnaie circule, plus elle est contrefaite", résume Nicolas-Jean Brehon. Mais cet économiste, spécialiste de finances publiques à Paris-Sorbonne, va plus loin. Au total des faux billets retirés par la Banque centrale européenne (BCE), il faut, selon l'universitaire français, additionner les saisies opérées par les différents services de police avant leur apparition dans le circuit. Résultat de l'équation: ce sont près de deux millions de fausses coupures, sur un total de 13 milliards de billets, qui seraient en circulation en Europe, soit un faux billet pour 6500, voire un faux billet sur 3000 ou 4000 en ce qui concerne les coupures de 20 et 50 euros, les plus copiés. En France ce sont 10 000 billets de 20 euros qui ont été confisqués en novembre. C'est la caractéristique des réseaux français de faux-monnayage : un "artisanat" qui privilégie les petites coupures et vise à récupérer le plus de monnaie possible en multipliant les petits achats au préjudice de petits commerces. Si la France est, devant l'Italie et l'Espagne, le pays le plus touché par les faux euros, elle n'a pas le monopole de sa fabrication. En 2009, des officines ont été démantelées en Italie, au Royaume-Uni, en Espagne, en Bulgarie, en Pologne, en Grèce, en Autriche mais aussi de l'autre côté de l'Atlantique, en Colombie, où les faussaires délaissent de plus en plus le dollar américain au "profit" de la nouvelle devise européenne. Chaque pays a sa particularité. Les faussaires français préfèrent les petites coupures (20 et 50 euros) quand les Bulgares en pincent pour les grosses (100 et 200 euros). Alors que les Italiens sont considérés comme les plus "professionnels", avec une production sur imprimerie offset. Selon la presse française, les acteurs du faux-monnayage appartiennent le plus souvent à la communauté des gens du voyage. Cela d'ailleurs constitue aussi une menace pour nous Algériens. En effet, il existe un marché du change parallèle et tout à fait organisé ce qui offrirait un circuit rêvé pour l'écoulement de genre de fausse monnaie. Rappelons aussi, qu'en 2009 à Marseille, un camion est attaqué et dévalisé. A son bord, une trentaine de rouleaux de papier fiduciaire algérien original. Une partie de la précieuse cargaison est revendue par le milieu marseillais à une équipe de truands lyonnais, qui dégotent d'abord une imprimerie puis recrutent un informaticien stéphanois. Ce dernier leur permet de numéroter les faux billets de manière aléatoire sans jamais reproduire le même numéro deux fois sur le même billet de 1000 dinars algériens. Isma B.