Les ministres des Finances de l'Union européenne ont reporté hier leurs discussions sur la régulation des fonds spéculatifs, avançant qu'ils avaient besoin de davantage de temps pour trouver un accord. La porte-parole du gouvernement espagnol Cristina Gallach, qui assure la présidence tournante de l'UE, a expliqué que les 27 pays membres avaient besoin de "davantage de temps pour obtenir le maximum de soutien". Ce nouveau délai devrait permettre de trouver un accord avec la Grande-Bretagne en mai ou juin prochain. Les diplomates avaient reconnu plus tôt dans la journée que la Grande-Bretagne était "très isolée", et allait affronter la France qui exige des règles plus sévères contre ces fonds dans les 27 pays membres. Plus de 70% des fonds spéculatifs alternatifs sont basés en Grande-Bretagne. Par ailleurs et après plusieurs semaines de négociations et d'hésitations, les ministres des Finances de la zone euro ont clarifié les modalités techniques d'un dispositif d'assistance financière à la Grèce. Le mécanisme retenu consistera en des prêts bilatéraux, dont le calendrier, le montant et les taux d'intérêts ne seront pas rendus publics pour le moment et, à la demande de l'Allemagne, les dirigeants des Vingt-Sept devront l'endosser politiquement lors d'un prochain sommet européen, sans doute le 26 mars. "Nous avons clarifié les modalités techniques qui nous permettrons de prendre une décision sur une action coordonnée, qui pourrait être activée rapidement si une telle nécessité devait se présenter", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue de la réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro. "Les options ont été clarifiées. Si cela s'avérait nécessaire, l'accord est prêt dans la zone euro pour que de façon coordonnée et sous la houlette de la Commission, une aide bilatérale soir accordée", a-t-il ajouté, tout en insistant sur le fait que les autorités grecques n'avaient pas demandé d'aide financière aux autres membres de la zone euro. Il a ensuite précisé que l'objectif de l'exercice ne serait pas de fournir un financement à la Grèce à un taux d'intérêt moyen de la zone euro mais d'assurer la stabilité financière d'ensemble de l'espace monétaire commun. Selon une source haut placée ayant participé aux discussions entre ministres, il a par ailleurs été décidé de ne pas rendre public le calendrier envisagé, ni le montant de cette aide et les taux d'intérêts auxquels elle serait fournie, avant que ne soit donné un feu vert politique des chefs d'Etat et de gouvernement et, surtout, que la Grèce en fasse une demande formelle. Enfin, selon cette même source, tous les pays de la zone euro ne participeront pas à ce dispositif et le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees De Jager, a dit que les prêts seraient assortis d'un catalogue de conditions, sur le modèle de ceux octroyés par le Fonds monétaire international (FMI). La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a elle aussi rappelé que ce mécanisme n'était pas nécessaire à l'heure actuelle et qu'il n'y avait "aucune raison d'anticiper sa mise en oeuvre". "Nous avons fait un travail d'expertise, de clarification, mais la décision finale appartient aux chefs d'Etat et de gouvernement", a-t-elle dit. La chancelière allemande, Angela Merkel, avait expressément demandé à son ministre des Finances, Wolfgang Schauble, qu'aucune décision politique ne soit prise lundi et que la question soit inscrite à l'agenda d'un prochain sommet européen, sans doute celui des 25 et 26 mars. Ce feu vert politique ainsi que la double réaction des marchés à l'annonce de ce plan et à la mise en oeuvre des nouvelles mesures d'austérité grecques seront les éléments qui détermineront si le mécanisme est finalement déclenché. "Si nous devions avoir l'impression que les marchés ne réagissent pas de façon adéquate (aux mesures d'austérité grecques), nous agirions. Mais nous pensons que cela ne sera pas nécessaire", a dit Jean-Claude Juncker. La prime de risque par rapport aux obligations allemandes que demandent les investisseurs pour prêter au gouvernement grec s'est réduite lorsque l'UE a apporté son soutien politique en février et après l'annonce de nouvelles mesures d'austérité, mais celle-ci reste insoutenable à moyen et long termes. A court terme, le gouvernement grec doit faire face en avril et en mai à des échéances de refinancement de sa dette pour un montant total de 20 milliards d'euros.