Le gouvernement iranien a réaffirmé samedi soir qu'il n'avait pas l'intention de renoncer à son programme d'enrichissement d'uranium, 24 heures après avoir remis sa réponse aux propositions avancées par les "Six" pour l'inciter à renoncer à ses ambitions nucléaires. De son côté, le ministre des Affaires étrangères Monouchehr Mottaki a déclaré que Javier Solana, haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, rencontrerait au cours des deux prochaines semaines le responsable iranien des négociations, Saeed Jalili, pour des discussions préliminaires. "Ils commenceront à définir les modalités pour la poursuite de cette coopération", a dit Mottaki à la chaîne privée malaisienne Astro Awani dans une interview diffusée samedi soir. Solana est disposé à rencontrer rapidement Jalili qui lui en a fait la demande samedi lors d'un entretien téléphonique, a déclaré à Reuters sa porte-parole Cristina Gallach. Gallach a par ailleurs indiqué que Solana avait eu plusieurs conversations téléphoniques dans la journée au sujet de la réponse iranienne à l'offre qu'il a lui-même remise le 14 juin aux autorités iraniennes au nom des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et de l'Allemagne. La porte-parole a refusé de préciser la nature de la réponse iranienne, expliquant que les Six étudiaient encore la lettre de quatre pages signée du ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki et qu'ils menaient des consultations. Mottaki a assuré pour sa part que l'Iran ne cherchait pas à mettre au point d'arme nucléaire. "Nous pensons que ce n'est même pas une arme de défense", a-t-il dit."Nous sommes prêts à une coopération sincère et constructive (...) avec la communauté internationale pour régler le problème", a-t-il ajouté. S'exprimant pour la première fois depuis la remise officielle de la réponse de Téhéran aux nouvelles mesures incitatives proposées par les Six, une porte-parole du gouvernement iranien avait déclaré samedi que l'Iran n'avait aucune intention de débattre de son "droit à enrichir de l'uranium". "La position de l'Iran n'a pas changé (sur l'enrichissement d'uranium) et nous sommes prêts à participer à des pourparlers dans le respect des droits de l'Iran au nucléaire", a déclaré Gholamhossein Elham, lors d'une conférence de presse. La nouvelle offre des Six est une version révisée d'un ensemble de mesures incitatives rejetées par Téhéran il y a deux ans. Les membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne ont fait savoir à l'Iran que des discussions officielles pourraient s'ouvrir sur ces mesures incitatives dès que Téhéran aurait suspendu ses activités d'enrichissement d'uranium. L'Iran a pour l'instant toujours rejeté cette demande, faisant valoir qu'elle violait ses droits au regard du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), dont il est signataire. La République islamique a présenté ses propres propositions pour tenter de résoudre la crise et s'est dit encouragée par similitudes des deux offres. Elham a souligné que l'Iran ne céderait pas à la pression internationale, ajoutant cependant que les points de convergence entre les deux propositions pourraient être discutés lors des prochaines négociations avec Solana. "Dans notre réponse, il est souligné que les discussions ne porterons que sur les points d'entente entre les deux offres", a déclaré le porte-parole. Le bras de fer entre Téhéran et les grandes puissances occidentales a suscité des craintes d'escalade militaire et contribue à la hausse vertigineuse des prix du pétrole. Le ministre iranien du Pétrole a prévenu samedi, dans des propos rapportés sur le site internet de son ministère, que toute attaque militaire contre le programme nucléaire de l'Iran propulserait le prix du pétrole brut à des niveaux "imprévisibles". "Si les prix du pétrole changent de dix ou quinze dollars après des propos de responsables sur les marchés, ils s'élèveront à des niveaux imprévisibles si certains prennent la décision irréfléchie d'attaquer l'Iran", déclare le ministre, Gholamhossein Nozari.