En visite en Algérie depuis trois jours au cours desquels il a été reçu par les autorités algériennes, le président Bouteflika, puis le chef du gouvernement et le président du Conseil de la nation, le président du Sénat italien, M. Franco Marini, a animé hier une conférence au siège du Conseil de la nation. Il a estimé au cours de cette conférence sur le partenariat entre les pays des deux rives de la Méditerranée, que l'Europe communautaire doit regarder davantage vers les pays de la rive sud de la Méditerranée. Le contexte mondial est au regroupement à l'aune de la mondialisation, à l'image de ce qui s'est produit en Asie et en Amérique du Nord. Le président du Sénat italien a estimé que la Méditerranée peut constituer un socle pour une connexion économique d'influence si ses riverains ne veulent pas rester en rade de la tendance. "Les riverains de la Méditerranée, pour éviter la marginalisation, doivent également s'associer", a-t-il notamment dit. "Les pays du Nord ont besoin de la vigueur démographique et des marchés émergents du Sud, et ce dernier a, en retour, besoin du savoir-faire et de la solidarité du Nord pour affronter le choc de l'ouverture commerciale et des réformes politiques et sociétales que la modernité exige", a-t-il ajouté. M. Franco Marini fera valoir l'idée féconde d'un partenariat stratégique qui ne "devrait pas se suffire d'échanges économiques mais s'accompagner du développement des liens culturels pour aller à contre-courant de cette vision simpliste et manichéenne du choc des civilisations". Sinon la portée du dialogue s'en ressentira et tournera court. Ou du moins sera parcellaire. Une solidarité tronquée est de nature à laisser se perpétuer les inégalités entre les deux rives. Et la misère sociale induite par le retard du développement du Sud constituera "un terreau pour le terrorisme", préviendra-t-il. Evoquant le processus de Barcelone, première phase de ce rééquilibrage des relations avec les partenaires du Sud et qui devait, quinze ans après sa signature en 1995, aboutir à la mise en place d'une zone de libre-échange, il partagera le constat répandu selon lequel "des lenteurs, des instruments inadaptés ont causé du retard dans la concrétisation des promesses. Il a besoin d'un nouvel élan". Le président du Sénat italien dira de son pays "physiquement méditerranéen", qu'il est pleinement impliqué et apporte une contribution convaincue pour que les principes de Barcelone puissent se réaliser". Il rappellera à cet égard la naissance en décembre 2003 à Napoli de l'APEM (Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne). L'Italie préside la commission des questions de la vie et d'autres relatives à la société civile. L'Algérie en assure la vice-présidence dans ce forum qui peut évoluer en "un espace de renforcement du dialogue politique et de détermination des objectifs et mesures coordonnées à même de donner un sens plus concret au partenariat". Parmi ces mesures, il y a, selon M. Marini, les échanges entre jeunes dans le cadre des universités ou de la culture, l'exploitation efficiente des financements et la création éventuelle d'une banque de la Méditerranée. Les questions liées à la sécurité et au terrorisme ne pouvaient être omises. Elles requièrent, selon le conférencier, une approche consensuelle des solutions. L'Algérie a montré, à ses yeux, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, "une grande dignité et de la détermination". Il louera, au passage, la politique du dialogue et de la paix promue par les autorités algériennes. Il estimera que les échanges bilatéraux entre l'Italie et l'Algérie, sont appelés à se renforcer davantage en juin prochain avec la visite d'une délégation de patrons de petites et moyennes entreprises italiennes.