L'Etat de droit en Algérie, qui se définit comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit, est loin d'être une réalité aux yeux des communs des citoyens. L'Algérie a toujours été indexée par les ONG comme étant l'un des pays où la situation des droits de l'homme est déplorable. En revanche, les pouvoirs publics tentent de nous faire croire que l'Etat de droit est en train de se construire de jour en jour à travers des textes de loi qui garantissent l'instauration d'un Etat providence. En fait, si on se réfère à la législation en matière des droits de l'homme, celle-ci connaît une nette évolution, par contre sur le terrain, cette évolution n'est pas ressentie. Il faut dire que la conjoncture actuelle offre des conditions favorables à l'émergence d'un Etat de droit en Algérie. C'est l'avis du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini. En effet, lors d'une conférence-débat, organisée par le quotidien El-Moudjahid jeudi à Alger, il a affirmé que "tous les ingrédients" sont réunis pour que l'Algérie soit un Etat de droit en reconnaissant que son édification est "difficile" du fait qu'elle demande des moyens et du temps. "Objectivement, il y a une volonté politique déterminée à édifier un Etat de droit en Algérie tout comme il y a des femmes et des hommes capables de le faire et une société civile qui exige cette édification", a estimé l'avocat. Pour lui, les droits de l'homme sont une culture qu'il n'est pas facile de répandre, et pour cela il faut du temps pour voir cette culture prospérer dans notre pays, en incriminant les périodes de barbarie qu'ont connues les Algériens. Selon lui, ce déficit en matière des droits de l'homme est causé essentiellement par la période coloniale et la décennie noire. Il s'agit, a-t-il dit, de "combler ce déficit accentué par le terrorisme en 1990 quand l'Algérie a connu une vague d'intégrisme", qu'il a qualifiée de "négation absolue des droits de l'homme". Sur le volet du front social, en abordant la dernière grève des enseignants et celle des praticiens de la santé publique, toujours en cours, M. Ksentini a estimé que "les revendications des grévistes sont légitimes", se réjouissant que la grève des enseignants "ne s'est pas avérée inutile même si elle a été pénible", en revanche, il regrette la poursuite de la grève des praticiens de la santé publique. A ce sujet, il a dit préférer que "les choses évoluent progressivement, notamment par la négociation et la concertation, plutôt que par le recours à la grève". Par ailleurs, il a évoqué le dernier rapport américain sur les droits de l'homme "qui reproche à l'Algérie de ne pas respecter les délais de garde à vue et d'avoir des lieux secrets de détention", M. Ksentini estime que ledit rapport est sans fondements. "Le rapport en question est fondé sur des généralités et ne donne pas de noms et de faits susceptibles de faire l'objet d'enquêtes et de vérification et n'est donc pas crédible et est sans valeur", a-t-il soutenu.