La dernière sortie médiatique du président-directeur général de la Sonelgaz, ayant plaidé pour une hausse des tarifs de l'électricité a vite suscité moult inquiétudes au sein de l'opinion publique. Les ménages craignent, en fait, que cette entreprise de service public opère de nouvelles augmentations des prix de la consommation électrique. De son côté, la Sonelgaz, en se basant sur le bilan non reluisant dressé par son premier responsable avant-hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, il y a lieu de vite conclure que la trésorerie de cette EPE n'est pas loin de l'asphyxie. Pis encore, si la situation actuelle persiste, elle risque de se retrouver en situation de cessation de paiement. Les prévisions de l'unique fournisseur de l'énergie électrique tablent, d'ores et déjà sur un déficit de dix milliards de dinars pour l'année en cours, 20 milliards en 2008 et 30 milliards en 2009. Certes, compte tenu du pouvoir d'achat des ménages, il est difficile de concevoir de nouvelles augmentations des tarifs de l'énergie électrique dans la situation actuelle, mais il est tout de même inadmissible de croire que Sonelgaz peut continuer à supporter ce statu quo sans que son efficacité et la qualité de son service n'en soient perturbés. Outre son impuissance à satisfaire les services qu'elle est tenue de fournir, la société risque l'étouffement à moyen terme lorsqu'elle sera appelée à rembourser les quelque 450 milliards de dinars qu'elle a collectés au terme de son emprunt obligataire. Dire que le marché de l'approvisionnement en énergie électrique est comparable à une situation d'une équation à double inconnue. L'origine de la faille est, en tout cas, à chercher dans les profondeurs de cette problématique. En effet, la perturbation de la santé financière de cette société étatique est due à plusieurs facteurs et les dettes détenues par Sonelgaz sur ses clients viennent en tête d'affiche. Celles-ci se chiffrent en dizaines de milliards, et le plus gros morceau de ces créances est détenu sur d'autres entreprises du service public, dont toute éventuelle sanction risque d'avoir des retombées sociales négatives sur l'ensemble de la société, telle que l'ADE (l'algérienne des eaux) qui est l'un des principaux débiteurs de Sonelgaz. Aujourd'hui, l'ADE, elle aussi, est confrontée à une situation identique à celle de la Sonelgaz. Le phénomène des factures impayées, émanant de ceux qui sont qualifiés communément de " mauvais payeurs " ne cesse, donc, d'affaiblir les organismes du service public. Le non paiement des quittances, que ce soit de l'eau ou d'électricité, pour sa part, est dû à la négligence notamment lorsque ces factures sont " salées ". La déroute des services publics est due, ensuite, au fléau des gaspillages dont l'impact sur la solvabilité de ces entreprises prend des ampleurs démesurées. Récemment, plusieurs études ont conclu que le gaspillage en matière d'eau potable sur les réseaux de distribution a atteint les 65% dans certaines régions du pays. Pour ce qui est de l'énergie électrique, afin d'endiguer le phénomène des gaspillages, Sonelgaz a été contrainte de débourser des millions de dinars, en publicité et autres campagnes, pour sensibiliser les ménages sur l'impact négatif des lampes inutilement allumées.