“Monsieur le chef du gouvernement, Le secrétariat national de l'Union générale des travailleurs algériens suit avec une vive attention la situation préoccupante que vit actuellement l'entreprise Sonelgaz. Cette entreprise, qui représente une fierté pour l'Algérie, pour ses réalisations (95% du territoire national électrifiés), pour le service public qu'elle assure et qu'elle garantit, malgré les difficultés qu'a connues le pays, durant les années dures du terrorisme sauvage et, tout récemment, lors de la catastrophe naturelle du 21 mai 2003, où cette entreprise a réussi, en un temps record, à rétablir l'électricité, exploit que reconnaît le ministre de l'Energie et des Mines lui-même, pour les efforts de modernisation consentis par ses cadres et ses travailleurs, pour faire face à la concurrence, se trouve confrontée, aujourd'hui, à un plan de démantèlement et, par conséquent, de déstabilisation et d'affaiblissement de ses capacités de production, qui menace à terme son existence. La préparation à ce plan de démantèlement et d'affaiblissement a consisté, en premier lieu, et ce, depuis l'an 2000, à empêcher l'entreprise Sonelgaz d'investir dans la construction de nouvelles unités de production pour satisfaire la demande nationale en nette augmentation, qui, à l'horizon 2010, sera de l'ordre de 8 000 Mw, alors qu'aucun investisseur étranger ne s'est manifesté en dépit de la promulgation de la loi n°02.01 du 5 février 2002. En second lieu, il est envisagé, aujourd'hui, un projet de restructuration de l'activité de production et de distribution en l'atomisant par la création de plusieurs entreprises indépendantes et concurrentes, ce qui constitue un danger certain pour cette entreprise avec tout ce que cela entraîne comme risque de perte de la maîtrise technologique, de capacités financières, d'expérience managériale et risque d'augmentation des coûts et nécessairement des tarifs. Ce projet est porteur de menaces sérieuses sur le service public dans ce secteur. Pour le secrétariat national de l'UGTA, rien ne justifie cette restructuration et ce, à partir de plusieurs considérations : * Toutes les études réalisées par des bureaux d'études étrangers, à la demande du ministère de l'Energie et des Mines et de l'entreprise Sonelgaz, et d'autres études insistent sur : - La nécessité du maintien d'une seule et unique entreprise de production et de distribution afin de garantir un service public efficace, une réduction des coûts et des tarifs, le maintien et le développement des capacités technologiques et financières de l'entreprise. - Le renforcement du rôle et des capacités de l'opérateur historique et le danger que comporte son démantèlement. *L'expérience vécue par d'autres pays qui ont démonopolisé le secteur de l'énergie et déstructuré l'opérateur historique a conduit, contrairement à ce qui était prévu, à de graves crises d'approvisionnement (la Californie et l'Argentine), à la hausse des coûts et des tarifs, à la remise en cause du service public. *L'expérience de l'Algérie en matière de restructuration et de filialisation des entreprises publiques a eu pour résultats l'affaiblissement et la paralysie des capacités de production. Malgré toutes ces considérations et au moment où l'Algérie a besoin d'une entreprise forte sur les plans technologique et financier, afin de répondre à la demande exprimée, on assiste à un véritable plan de démantèlement de Sonelgaz, opérateur historique, plan qui a fait l'objet d'un rejet catégorique de la part du Conseil de participation de l'entreprise Sonelgaz et de son syndicat national. Pour le secrétariat national de l'UGTA, ce plan constitue un danger certain sur le devenir du service public en Algérie, dans le secteur de l'énergie et conduit, sans aucun doute, à la hausse des tarifs, à des perturbations dans la production et à la distribution avec des conséquences graves sur la cohésion et la paix sociales. La persistance des initiateurs de ce plan à vouloir le faire passer génère une tension sociale encore plus grande de la part des travailleurs et de leurs représentants syndicaux au sein de l'entreprise Sonelgaz, ce qui ne contribue pas à la paix sociale tant souhaitée, bien au contraire, risque de nous amener vers des situations dont on ne peut mesurer les conséquences. Le secrétariat national de l'UGTA, soucieux de l'avenir de l'économie nationale, du maintien et du renforcement de l'outil de production national et de l'emploi, de la garantie du service public et de la cohésion sociale, insiste auprès de vous, pour l'annulation de ce plan de démantèlement et du projet de déstructuration de Sonelgaz. Veuillez croire, Monsieur le Chef du gouvernement, en l'expression de notre parfaite considération.”