La mesure, qui n'est pas la première du genre, contredit un peu plus le bilan gouvernemental sur l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages. Les factures de gaz et d'électricité, déjà bien assez salées sans cela, vont encore une fois être revues à la hausse suivant les nouveaux tarifs devant entrer en vigueur à compter d'aujourd'hui. C'est ce qu'a tenu à rappeler la Creg (commission de régulation de l'électricité et du gaz) dans un communiqué rendu public hier. Celui-ci revient par le menu détail sur les informations qui avaient été initialement annoncées par le P-DG de la Sonelgaz lors d'une conférence de presse. Grosso modo, les tarifs à la consommation de l'électricité et du gaz connaîtront des augmentations de 4,9 à 10,5 % selon les cas, à partir d'aujourd'hui. «La Creg a pris lors de la session de son comité de direction, tenue ce lundi, une décision de réajustement des tarifs de l'électricité et du gaz, à la suite d'une demande introduite par Sonelgaz», précise à ce propos le communiqué. La décision, applicable à partir du 1er juin 2005, porte sur une augmentation des tarifs de l'électricité de 4,9 % pour les clients basse tension (principalement les ménages), 9,5 % pour les clients moyenne tension (PME-PMI) et de 10,5 % pour les clients haute tension (essentiellement les industriels). Pour le gaz, les ménages verront leur facture augmenter également de 4,9%, alors que pour les clients moyenne et haute pression (industriels et PME), la hausse est fixée invariablement à 9,5%. La commission annonce que des augmentations, de niveau identique, des prix de cession de l'électricité et du gaz sont d'ores et déjà programmées à compter du 1er décembre prochain. Les clients, qui payent ainsi des facture assez salées, devront subir, coup sur coup, deux hausses assez importantes, surtout pour des ménages dont les salaires ont stagné depuis plusieurs années et qui n'ont guère suivi la progression économique ni l'embellie financière que vit le pays tout entier. C'est pour cette raison, sans doute, que la commission en question, nouvellement mise en place au demeurant, tente d'expliquer ces hausses en série alors que l'électricité elle-même est produite à partir du gaz naturel, censé être la propriété de tout le peuple algérien, conformément à l'article 17 de la Constitution, et ce, en dépit de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. La commission souligne donc que «les augmentations ainsi décidées permettront à Sonelgaz de disposer des ressources financières pour la réalisation des investissements importants nécessaires à la satisfaction de la demande en électricité et en gaz dans de bonnes conditions de qualité de service, et également de faire face à la hausse du prix de ses achats de gaz naturel». Cette décision est prise conformément à la loi 02-01 du 5 février 2002 sur l'électricité et la distribution du gaz par canalisation qui attribue à la Creg, organisme de régulation indépendant et autonome, entre autres missions, celle de fixer les tarifs de l'électricité et du gaz. Pour cela, la Creg applique la méthodologie définie par le décret exécutif du 18 mai 2005 relatif à la régulation des tarifs et à la rémunération des activités de transport et de distribution de l'électricité et du gaz, explique la commission. De pareils arguments rappellent étrangement les hausses qui avaient été décidées pour le transport ferroviaire sous prétexte de rénover les gares et les voies ferrées avant de revenir à des prix moins prohibitifs, ce qui n'a jamais été fait. Ils rappellent également l'instauration, durant les années 90, de la vignette auto pour une période bien déterminée, et des besoins sociaux précis, avant d'être supprimée en contrepartie de nouvelles hausses dans le prix du carburant. Or, si le carburant augmente chaque année suivant les lois de finances successives, la vignette, elle, n'a jamais été supprimée. En attendant que le développement du pays se ressente enfin sur le vécu et le pouvoir d'achat des ménages, les citoyens devront prendre leur mal en patience et, désormais, faire très attention à la consommation du gaz et de l'électricité.