Le "prix raisonnable" du baril de pétrole se situe aujourd'hui "entre 75 et 85 dollars", a estimé dans un entretien publié hier dans Le Figaro le Premier ministre du Qatar Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr al-Thani. "A mon sens, le prix raisonnable du baril se situe aujourd'hui entre 75 et 85 dollars", déclare-t-il, ajoutant qu'il était "important qu'il y ait, sur le marché de l'énergie, un équilibre entre l'offre et la demande, ce qui permet un équilibre des prix". "Si les prix montent de manière exagérée, c'est mauvais pour le marché, de la même manière qu'une baisse rapide est néfaste car elle handicape les investissements", poursuit-il, soulignant que "les marchés détestent les grands écarts". "En fait, nous souhaitons toujours le juste équilibre", conclut-il. Il faut savoir que les prix du pétrole se sont nettement repliés vendredi à New York, le baril faisant même une brève incursion sous 80 dollars, pénalisé, comme la veille, par le raffermissement de la monnaie américaine. "La situation de la Grèce bénéficie au dollar au détriment de l'euro et de la livre sterling, ce qui pèse sur les prix", a expliqué Mike Fitzpatrick, de MF Global. Le raffermissement de la monnaie américaine pèse sur les prix des matières premières libellés en dollars, rognant sur le pouvoir d'achat des investisseurs munis d'autres devises. Les monnaies européennes ont souffert des incertitudes sur un éventuel plan d'aide à la Grèce, sur lequel les différentes parties ne parviennent pas à s'accorder, et qui pourrait s'attaquer aux difficultés budgétaires du pays. Les prix du pétrole avaient déjà reculé la veille sous l'effet d'un dollar plus fort, mais aussi de prises de bénéfices. "On a été en hausse toute la semaine. Ce n'est probablement pas une mauvaise idée d'empocher quelques gains avant le week-end, avec le projet de loi sur la réforme du système de santé (aux Etats-Unis) et la question de la Grèce en suspens", a estimé Mike Fitzpatrick. Le marché a par ailleurs réagi négativement au relèvement surprise des taux directeurs en Inde, où l'inflation s'est accélérée, a souligné John Kilduff, de Round Earth Capital: le baril a accru ses pertes au moment de l'annonce. Pour Mike Fitzpatrick, le marché a montré une nouvelle fois son "incapacité à générer un élan autour des 80 ou 82 dollars". "La vapeur semble alors se dissiper et les ventes commencent", a rapporté l'analyste. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont fait partie le Qatar, a décidé mercredi de maintenir à 24,84 millions de barils par jour (mbj) ses quotas de production, ses ministres se disant "très contents" du prix du baril, remonté dans une fourchette de 70 à 80 dollars depuis six mois.